Causette

Les sorties cinéma

Double actualité pour Cate Blanchett en ce joli mois de mai. Elle interprète treize (!) personnage­s différents dans Manifesto, le nouveau film ovni de Julian Rosefeldt, et elle préside le jury du 71e Festival de Cannes.

- PAR ARIANE ALLARD

Détentrice de deux oscars, résolument féministe, l’actrice australien­ne Cate Blanchett excelle dans les métamorpho­ses ! Petite revue en forme d’hommage…

La directrice de théâtre

Elle l’a souvent dit : le théâtre est au coeur de sa vie. D’ailleurs, la jeune Cate Blanchett ne pense pas au cinéma lorsque, à l’orée des années 1990, elle intègre le prestigieu­x Institut national d’art dramatique, dans la banlieue de Sydney, après avoir vaguement étudié l’économie et les beaux-arts à Melbourne. Ce goût du texte (de Tchekhov à David Mamet en passant par Tennessee Williams) et de l’absolu l’amène ensuite à diriger la Sydney Theater Company entre 2008 et 2012, avec son mari l’écrivain Andrew Upton. Une véritable institutio­n en Australie, qui lui offre d’incarner un rôle masculin sur scène : Richard II de Shakespear­e…

La star oscarisée

Elle n’a jamais voulu faire carrière, insiste-t-elle dans ses interviews. Reste que sa capacité (phénoménal­e) à tout jouer l’a inévitable­ment menée jusqu’à Hollywood. Olympe qui aurait sûrement ravi son papa texan, mort quand elle avait 10 ans. De fait, les récompense­s tapissent son envol internatio­nal. Dont l’oscar du meilleur second rôle féminin, en 2005, pour le rôle de Katharine Hepburn dans Aviator, de Martin Scorsese. Puis, après deux nomination­s pour ses interpréta­tions d’Elizabeth Ire dans Elizabeth et Elizabeth : l’âge d’or, l’oscar de la meilleure actrice, en 2014, grâce à sa prestation dans Blue Jasmine, de Woody Allen.

L’artiste caméléon

Si Cate Blanchett est considérée, aujourd’hui, comme l’une des meilleures actrices de sa génération, c’est parce que peu d’autres savent, comme elle, se réinventer à chaque film. Délectable dans un registre loufoque ( La Vie aquatique, de Wes Anderson) comme dans un mélo flamboyant et lesbien ( Carol, de Todd Haynes). Aussi mémorable dans un blockbuste­r (la saga du Seigneur des anneaux) que dans une propositio­n improbable (elle joue Bob Dylan dans I’m not There). Preuve ultime ? Sa prestation dans Manifesto, de Julian Rosefeldt, film singulier à la lisière du cinéma et de l’installati­on visuelle, qui sort en salles fin mai. Cette fois, Cate B. interprète carrément treize personnage­s (un SDF, une présentatr­ice de JT, une ouvrière…) qui, tous, lui servent de plateforme pour scander de beaux textes furieux et poétiques issus des avant-gardes révolution­naires du XXe siècle (Dada, futurisme, situationn­isme, etc.). Un appel à la résistance !

La femme engagée

Nul ne s’en étonnera : dame Blanchett est depuis longtemps une femme d’engagement­s. Écologiste et féministe. Elle est de celles qui pensent que les femmes peuvent tout faire (quatre enfants notamment, en plus de tout ça). Elle a été l’une des premières célébrités à prendre ouvertemen­t position contre Harvey Weinstein. Initiant dans la foulée, avec trois cents autres actrices, scénariste­s et/ou réalisatri­ces, le mouvement Time’s up afin de lutter contre le harcèlemen­t sexuel dans tous les milieux profession­nels. Autant dire qu’en la nommant présidente du jury cette année, le Festival de Cannes a fait un choix emblématiq­ue. On peut compter sur son talent et son exigence pour qu’il soit également artistique.

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Cate Blanchett dans Manifesto, de Julian Rosefeldt. Un film à la lisière du cinéma et de l’installati­on visuelle.
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Manifesto, de Julian Rosefeldt. Sortie le 23 mai.

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