[ LES ÉCLAIRAGES DE CAUSETTE]
Aucun·e parlementaire n’a voté contre, certes, mais nombreux et nombreuses sont ceux et celles qui ont préféré s’abstenir ou n’ont tout simplement pas pris la peine de participer au scrutin. Au Sénat, 90 sénateurs et sénatrices se sont ainsi abstenu·es (dont l’intégralité du groupe socialiste), sur 342 votants. À l’Assemblée nationale, seul·es 100 député·es (sur 577) étaient présent·es lors du vote, et huit d’entre eux·elles se sont abstenu·es. On est loin du plébiscite !
Ce n’est pas l’avis des cent associations, militant·es et professionnel·les du secteur médico-social qui ont signé la tribune « Loi Schiappa, la protection de l’enfance en berne », publiée le 19 août dans le JDD. Dans ce texte au vitriol, ils·elles dénoncent une loi qui « maintient le quasi-statu quo en matière de protection de l’enfance en France ». « Nous savons parfaitement faire la différence entre une loi protectrice et des améliorations sommaires nous plaçant à la traîne de nombreux pays d’Europe qui ont défini un seuil d’âge du consentement. […] Et nous réaffirmons à l’unanimité que la loi Schiappa ne protégera pas mieux les enfants », dénoncent ces acteurs et actrices de terrain.
Il peut, mais il n’y est pas obligé. Et c’est bien ce que dénoncent les associations ! Car il n’est pas rare qu’un·e magistrat·e juge qu’une fillette de 11 ans victime d’abus sexuels par un adulte était en fait « consentante », comme ce fut le cas à Meaux (Seine-et-Marne), en novembre 2017, ou à Pontoise (Val-d’Oise), en septembre 2017. Deux affaires qui, justement, avaient lancé le débat sur la nécessité de fixer un seuil de « présomption de non-consentement » en deçà duquel un·e mineur·e de moins de 15 ans ne pourrait en aucun cas être jugé·e consentant·e.
Elles sont bien plus qu’« une ou deux » à pointer l’attitude du secrétariat d’État à l’Égalité femmes-hommes à leur égard. Leur tribune du 19 août (« Loi Schiappa, la protection de l’enfance en berne »), qui a, notamment, été signée par Les Effronté·es, Osez le féminisme, ou Caroline de Haas (militante du Groupe F), dénonce les « attaques » du secrétariat d’État et de ses soutiens. Deux mois plus tôt, vingt-cinq associations féministes (dont le Planning familial, le Collectif national pour les droits des femmes ou le Collectif féministe contre le viol) avaient également accusé le gouvernement de « mettre en concurrence les associations de lutte contre les violences faites aux femmes ». Quant à l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT), elle pointe depuis des mois l’absence de dialogue avec le secrétariat de Marlène Schiappa.