IVG : des lendemains qui déchantent
Souvenez- vous : le 21 août 2017, le Chili dépénalisait partiellement l’avortement, désormais autorisé en cas de danger vital pour la mère, de viol ou de non-viabilité du foetus. Une victoire historique, dans un pays où l’interruption volontaire de grossesse (IVG) était drastiquement interdite depuis 1989 (merci Pinochet). Mais, un an après cette avancée, peu de choses ont changé : dans les faits, bien rares sont les Chiliennes qui parviennent à avorter légalement, comme le révèle un rapport publié le 20 août par la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et l’Observatoire citoyen.
Entre septembre 2017 et juillet 2018, seules 359 IVG légales ont été recensées… alors même que 70 000 à 160 000 avortements clandestins se pratiquent chaque année au Chili. Car la loi, en plus d’être extrêmement restrictive (elle ne concernerait que 2,5 % des cas), oppose aussi d’« innombrables obstacles » aux femmes. Délais restreints, intervention de tierces personnes dans le processus de décision, interdiction de mener des campagnes d’information… Avorter relève du parcours de la combattante. D’autant plus que l’objection de conscience des médecins, qui a été étendue aux institutions, est largement utilisée : 20 % des obstétricien·nes ont objecté conscience pour les cas de danger pour la vie de la femme, 27 % pour les cas de non-viabilité du foetus et 47 % pour les cas de viol. Une situation qui a poussé douze députées de gauche à déposer un nouveau projet de loi pour légaliser l’avortement, le 21 août. Mais, en face, l’Union démocrate indépendante, le parti conservateur proche du pouvoir, a déjà prévu sa réplique : il veut faire inscrire dans la Constitution « le droit à la vie depuis le moment de la conception jusqu’à la mort naturelle » . Pas gagnée, l’IVG.