LE CALME APRÈS LA RAGE

Que se passe-t-il quand l’un de nos romanciers les plus hilarants n’a plus le coeur à rire ? Philippe Ségur a passé les quinze dernières années à faire grincer le monde et plier de rire ses lecteurs et lectrices à travers des fictions, essais et polars qui poussent toujours plus loin le vice de l’humour noir. Cette fois, il a craqué. Dans Chien rouge, son dernier roman, le plus autobiographique et sérieux de tous, il dévoile le journal d’un certain S. qui vient de rompre avec le monde bourgeois en partant s’installer seul dans les bois. Encouragé par le corps médical qui le gave d’antidépresseurs, par les dealers, vendeurs d’alcool, philosophes, poètes, personnages fantasmagoriques, S. s’acharne, chaque jour, à calmer le chien enragé qui est en lui pour atteindre une forme d’authenticité, de lucidité. En route vers ce sommet en solitaire où se croisent les sages et les fous, Philippe Ségur se livre avec une sincérité implacable, et prouve que l’esprit d’un écrivain surdoué reste le même, qu’il fasse rire ou grimacer.

Le Chien rouge, de Philippe Ségur. Éd. Buchet Chastel, 240 pages, 17 euros.