CASA MICMAC

« Quand j’ai fini de travailler, je ne perds pas de temps », écrit d’emblée la narratrice, poursuivant : « Je baisse ma jellaba, y lisse un pli et j’attends. Que celui du moment remonte sa braguette. » Jmiaa est prostituée à Casablanca, où elle vit seule avec sa fille. Elle ne se plaint pas, mais elle revendique et raconte. Sans détour : les passes, les trafics, les quartiers populaires de la grande ville marocaine, mais aussi les intégristes, son amoureux macho, ou encore sa copine Halima qui lit le Coran entre deux clients. Nous suivrons trois ans de sa vie, de 2010 à 2013. Son langage direct évoque la peinture sociale autant que la verve revendicative. Singulier, politique, moderne en diable, ce premier roman de Meryem Alaoui doit son titre au surnom de l’une des protagonistes. Le plaisir est grand de lire une écriture si fine sur un tel sujet et pour des histoires qui viennent de la rue. La vérité sort de la bouche du cheval, de Meryem Alaoui. Éd. Gallimard, 272 pages, 21 euros.