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Entre le monde interlope qui peuple le Mars Club, boîte de striptease de San Francisco, et l’ombre qui prévaut à la prison pour femmes de Californie, il y a bien des points communs. Et cet univers a toujours été celui de Romy Leslie Hall, détenue W314159, 29 ans, ancienne strip-teaseuse du Mars Club condamnée à deux peines de perpé-tuité (oui, deux). Mais pourquoi est-elle là ? Heureux lecteurs et heureuses lectrices qui, pour le savoir, allez plonger dans un roman oscillant entre le présent (le quoti-dien des détenues, nourri par les témoignages d’une auteure qui a été visiteuse volontaire dans les prisons) et le passé (la vie des employées du Club, leurs relations avec les « clients », ou encore ce fils que Romy tient à préserver). Sans prendre de gants, mais avec une sacrée force d’impact lyrique et sociologique, Le Mars Club finit par révéler une impressionnante galerie de gen(re)s. Finaliste du National Book Award pour son premier roman ( Télex de Cuba, 2012) et pour son deuxième ( Les Lance-flammes, 2015), Rachel Kushner s’impose ici radicalement. Comme ses personnages. Âpre autant que sentimentale : c’est imparable.
Le Mars Club, de Rachel Kushner, traduit de l’américain par Sylvie Schneiter. Éd. Stock/ coll. La Cosmopoli, 480 pages, 23 euros.