20 DÉCEMBRE

Classe de CM2, école élémentaire Balzac

Le PSG a-t-il annoncé qu’il ne jouerait plus les matchs de Ligue 1 parce qu’ils empêchaient le club d’être au top en Ligue des champions ? L’information est tirée du site Legorafi. fr, un site parodique que les CM2 ne connaissent pas. Comment s’assurer de sa fiabilité ? Daphné a une première suggestion pour jauger l’info : lire l’article. Quelques élèves ricanent. Ils ne savent pas que nombreux sont les adultes à sauter cette étape avant de poster un commentaire sur les réseaux sociaux. En l’apprenant, Jules se prend la tête entre les mains, l’air atterré. Selon une majorité d’enfants, il faut croiser l’information avec d’autres sources pour la vérifier. « Je pourrais demander à mon père qui a une super appli de foot », illustre Dina. « Si personne n’en a parlé sur L’Équipe 21, c’est faux », assure Nolan. Pour Özlem, il faut surtout s’interroger sur le site qui diffuse l’information : « Si ce sont de vrais journalistes qui la donnent, je pense qu’on peut la croire parce que c’est leur métier. » Mais les enfants ont de la mémoire. Lors d’une séance précédente, l’un voulait savoir qui paie le billet d’avion des journalistes en reportage. Petite incursion dans l’univers des voyages de presse, où certains professionnels peu scrupuleux échangent un article complaisant contre un séjour tous frais payés. « Il faut leur faire confiance alors, aux journalistes qui se laissent parfois acheter ? » pointe Syrine.

Pour moi, cette petite a résumé, par la pertinence de sa question, tout le défi de l’éducation à l’information. Pour tisser un nouveau lien de confiance entre le public et les médias, il faut jouer la carte de la transparence. Raconter les conditions d’exercice du métier, ses nombreuses misères comprises. En prenant donc le risque de nourrir la défiance qui s’affiche sur les réseaux sociaux… La ligne de crête est périlleuse, mais il faut s’y engager. Parce que, n’ayons pas peur des grands mots, c’est notre démocratie qui est en jeu.

“Il faut leur faire confiance, aux journalistes qui se laissent parfois acheter ?”

Syrine, classe de CM2

1. La résidence est financée par la ville de Tremblay-en-France, le conseil départemental de Seine-Saint-Denis et la Direction régionale des affaires culturelles Île-de-France. De septembre 2018 à juin 2019, trente-six ateliers d’éducation aux médias, de cinq à six séances chacun, auront lieu dans dix-huit structures différentes. Plus de cinq cents enfants, jeunes, adultes auront, au total, participé à un atelier.2. Les prénoms ont été modifiés.