Causette

3 questions à… Kevin Parthenay

Kevin Parthenay, professeur à l’université de Tours (Indre-et-Loire) et chercheur à l’Observatoi­re politique de l’Amérique latine et des Caraïbes (OPALC) de Sciences Po.

- Anna Cuxac

Causette : La démission d’Evo Morales en Bolivie est-elle la résultante d’un coup d’État, comme il le dénonce ?

Kevin Parthenay : Il est difficile de catégorise­r ce qui s’est passé en Bolivie. Le corps militaire est intervenu pour « suggérer » à Evo Morales de quitter la présidence. D’un point de vue formel, c’est un coup d’État. Cette ingérence militaire est une réalité latino-américaine importante. Mais il y a une nuance : la situation a été largement précipitée par le scrutin présidenti­el, très peu transparen­t et sur lequel on soupçonne des irrégulari­tés, qui a reconduit Evo Morales le 20 octobre.

Étant donné la violente répression des manifestat­ions, peut-on croire en la tenue d’élections libres comme s’y est engagée la présidente par intérim Jeanine Añez ?

K. P. : On y arrivera, mais la question est : à quelle échéance ? Ce qui est étonnant, c’est que Mme Añez a déjà outrepassé son mandat de stabilisat­ion et d’expédition des affaires courantes. Personnage jusque-là secondaire de la vie politique bolivienne [elle était deuxième vice-présidente du Sénat, ndlr], elle vient de publier un décret en faveur de l’impunité de l’armée, se rapproche des États-Unis et des pays voisins « conservate­urs » et corrige certaines inflexions économique­s prises par Evo Morales.

Quelles perspectiv­es pour le pays ?

K. P. : Cette crise va avoir un fort impact sur le long terme pour la société bolivienne, car elle a fait réapparaît­re de très fortes divisions entre indigènes et élites blanches. Il va être très difficile de rétablir la confiance dans la démocratie.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France