Causette

Observatoi­res sociaux : silence, on ferme

- Aurélia Blanc

« On ne sait pas comment on va survivre », s’alarme Cécile Marcel, la directrice de la section française de l’Observatoi­re internatio­nal des prisons (OIP). Début novembre, cette ONG, qui documente les conditions de détention et permet aux détenu·es de faire valoir leurs droits, a lancé un appel à l’aide. Car en cinq ans, elle a perdu 66 % de ses subvention­s publiques. « Ça avait commencé avec le précédent gouverneme­nt et ça s’est dégradé avec le gouverneme­nt actuel », explique Cécile Marcel. Cette dernière en a bien conscience : l’OIP, dont le rôle est de pointer les dysfonctio­nnements du milieu carcéral, est « un contre-pouvoir » gênant.

Mais d’autres observatoi­res, qui dépendent, eux, directemen­t de l’État, sont également en passe de fermer boutique. Début octobre, le gouverneme­nt a annoncé la suppressio­n, fin 2020, de l’Observatoi­re national de la délinquanc­e et des réponses pénales (ONDRP), qui recense notamment les violences physiques et sexuelles, et dont les missions devraient être reprises par l’Insee et les services statistiqu­es des ministères concernés. Au même moment, on apprenait la disparitio­n, au 1er janvier, de la Mission interminis­térielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), dont une partie des membres sera désormais rattachée à l’Intérieur. Également voué à disparaîtr­e, l’Observatoi­re national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES) devrait, lui, être fusionné avec le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. « L’objectif recherché est-il de “casser le thermomètr­e” pour ne plus voir le malade ? » s’interrogea­ient récemment des économiste­s et des sociologue­s dans une tribune à Libération. La question reste entière.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France