SUR LA ROUTE
Réalisateur de documentaires multi-primés, Andreas Horvath fait un sans-faute pour sa première fiction. S’inspirant d’une histoire authentique, un fait divers datant de près d’un siècle, il donne à voir un road-movie fascinant dans l’Amérique contemporaine. Lillian relate le périple solitaire d’une émigrante échouée à New York, qui, faute d’argent et de papiers, décide de rentrer à pied dans sa Russie natale.
Le cinéaste autrichien cueille sa frêle héroïne au printemps, lui fait traverser l’Amérique profonde par tous les temps, avant de la laisser s’enfouir dans l’hiver aux abords de l’Alaska. Là même où elle se volatilisera (la vraie Lillian a disparu sans laisser de traces). Comme dissoute dans cette étrange odyssée, qui renvoie forcément à la tragédie actuelle des migrant·es. Invisibles et rejeté·es. Où qu’ils aillent.
La rudesse figée des paysages et des saisons accentue ce sentiment d’errance fantomatique. Lillian croise non seulement des champs à perte de vue, mais encore des patelins déserts, des maisons abandonnées et quelques habitants, pas toujours bienveillants, qui tentent de survivre sur ce territoire américain exsangue. Pourtant, Andreas Horvath filme cette longue marche silencieuse avec grâce, et cela même dans ses moments les plus triviaux (Lillian vole pour s’habiller et se nourrir, elle manque d’être violée, etc.).
C’est à la fois doux, dur, et totalement hypnotisant. Comme le beau visage angulaire et déterminé de
Patrycja Planik, son interprète principale.
Lillian, d’Andreas Horvath. Sortie le 11 décembre.