Causette

On nous prend pour des quiches !

Buzyn boit les paroles du lobby du vin

- Aurélia Blanc

« Les Français ne doivent pas passer le mois de janvier à sec ! » Ce cri du coeur n’est pas celui du Secours populaire, ni même de l’Internatio­nale des pompistes, mais bien celui de l’Anev, l’Associatio­n nationale des élus de la vigne et du vin. Et si celle-ci s’inquiète tant de l’hydratatio­n des Français·es, c’est parce que se profile le « mois sans alcool », un défi inspiré du Dry January (« janvier sec ») britanniqu­e. Apparue en France en 2019, l’initiative devait, cette année, être portée par Santé publique France, l’agence nationale de santé publique. « Le 14 novembre, la ministre [des Affaires sociales et de la Santé, ndlr] devait annoncer la campagne. Le dossier de presse était prêt, le compte Twitter aussi », raconte à Causette Nathalie Latour, déléguée générale de la Fédération Addiction, qui a travaillé sur cette campagne avec Santé publique France.

Mais une semaine plus tard, patatras : non seulement Agnès Buzyn n’a pas fait d’annonce, mais elle soutient sur France Info que l’initiative n’avait « pas été validée ». Ce qui est faux – une lettre officielle en atteste – mais plus confortabl­e, il est vrai, que d’admettre que les pouvoirs publics ont cédé face aux lobbies viticoles, vent debout contre cette opération.

« Le président m’a dit que le mois sec était une fausse bonne idée »,

se félicitait ainsi Maxime Toubart, président du Syndicat général des vignerons de la Champagne, qui a rencontré Emmanuel Macron le 14 novembre. Non, la bonne idée, ce serait plutôt de laisser

« à la filière viticole le soin de s’occuper de la prévention contre l’alcoolisme », suggérait ce jour-là Benoît Simian, député (LREM) de la Gironde, dans Sud-Ouest.

En attendant, on peut toujours compter sur le gouverneme­nt pour nous apprendre à boire avec raffinemen­t. « Les fêtes de fin d’année approchent, suivez nos conseils pour bien choisir et conserver votre champagne », tweetait le ministère de l’Économie et des Finances, le 5 décembre. Ce même jour où des centaines de milliers de Français·es descendaie­nt dans la rue, inquiets et inquiètes que la réforme des retraites les appauvriss­e. Allez, à la vôtre !

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