Faudra-t-il travailler plus longtemps ?
Le gouvernement ne s’en cache pas, c’est son objectif. « Sans forcer, il faut inciter les Français à travailler plus longtemps », a déclaré Édouard Philippe. C’est la raison pour laquelle l’« âge pivot » a fait son apparition dans le projet et s’appliquerait aux départs entre 2022 et 2037. Raccrocher avant amputerait l’ensemble de la pension, tandis qu’en partant après, elle serait bonifiée. Cet âge augmenterait progressivement dès 2022 pour atteindre 64 ans en 2027. Le gouvernement assure que ce changement aura du bon pour certaines femmes. 20 % d’entre elles attendent d’avoir 67 ans pour partir à la retraite et ne pas subir une décote, car il leur manque des trimestres pour cause d’inactivité ou de temps partiel. Avec le nouveau système, elles gagneraient trois ans. Mais pour le gros du bataillon, qui part en moyenne à 62 ans et 4 mois à la retraite, il va falloir, au contraire, travailler plus longtemps ! Le gouvernement promet de prendre en compte la pénibilité de certains métiers « usants » pour partir deux ans plus tôt. Méfiance du côté des syndicats. « Le compte professionnel de pénibilité a été vidé de sa substance et ne comporte plus les critères de postures pénibles ou de port de charges lourdes, souvent associés à des métiers plus majoritairement féminins comme ceux de la santé », regrette Sophie Binet, de la CGT.
“Pour percevoir la pension de réversion, il faudra avoir 62 ans, contre 55 ans actuellement. 80 000 femmes pourraient perdre cette source de revenus”
Michaël Zemmour, économiste et maître de conférences à Paris-I