QUATRE FILLES DANS LE VENT
Voilà une heureuse façon de commencer l’année ! Rien que pour ça, on peut dire merci à Greta Gerwig, figure du cinéma « indé » américain. Les Filles du docteur March, son nouveau film, réenchante comme jamais le roman culte de Louisa May Alcott. Mais si, vous savez bien, celui qui raconte l’histoire de quatre jeunes filles de la classe moyenne pendant la guerre de Sécession aux États-Unis. Un classique du genre : adapté moult fois au cinéma, il a nourri l’imaginaire de bien des petites filles en mal d’émancipation. Dont Greta Gerwig, qui, elle, lui donne carrément un second souffle. Enjouée, colorée, espiègle, sa version s’apparente à un tourbillon. Et témoigne d’une liberté rare… et fine. Pas question de réécrire l’Histoire : on est bien en 1860, avec ses costumes, ses décors, ses conventions. En clair, son patriarcat triomphant sur fond de guerre civile. Mais pas question non plus de s’en tenir aux images pieuses du passé. Celles qui, depuis si longtemps, collent à la peau des quatre soeurs March (Jo l’intrépide, Amy la capricieuse, Meg la raisonnable et Beth la timide, pour résumer).
Toutes les soeurs – donc tous les types de féminité – sont mises en valeur ici. Filmées à parts égales, avec la même bienveillance, elles ont chacune la possibilité de révéler leur complexité, d’autant mieux qu’elles sont incarnées par des actrices subtiles (dont Saoirse Ronan, Emma Watson et Florence Pugh) et fort bien secondées (par Timothée Chalamet, Laura Dern et Meryl Streep !). L’union fait la force : tel est, au fond, le message de ce film radieux. Optimiste et féministe jusqu’au bout (la fin diffère de celle du roman), il ne cesse d’encourager l’affirmation de soi. Tiens donc…