Une île On se jette à l’eau !
Les fonds marins vous inquiètent ? Les outrages de l’homme sur la nature vous scandalisent ? Les personnages féminins complexes vous intéressent ? Les légendes vous envoûtent ? Vous êtes mûr·es pour accoster sur Une île, étonnante série proposée par Arte en janvier 2020. Primée au festival Séries Mania, cette création française parvient en effet à combiner la tension du thriller à l’aura du conte fantastique, tout en les saupoudrant d’un message écolo bienvenu.
L’histoire n’est pas commune : tout se passe sur une île (donc) – la Corse, jamais nommée –, là même où les habitant·es sont menacé·es par une pénurie de pêche, mais aussi par une série de morts suspectes et par la mystérieuse Théa (Laetitia Casta). Comme surgie des eaux, cette longue dame brune va également bouleverser la vie d’une jeune personne (Noée Abita). Alléchant, non ? D’autant que, visuellement, on est dans le haut de gamme : Une île est même l’une des plus belles séries françaises jamais réalisées. Photo et lumière magnifiques, séquences sous-marines inouïes : on plonge…
Pourtant, au départ, l’approche du personnage de Théa a de quoi inquiéter. Laetitia Casta la joue de façon ondoyante, tel un poisson ou un serpent, coachée par la chorégraphe Blanca Li. On frôle le cliché de la femme animale et fatale. Sauf que son statut s’affine peu à peu : derrière cette figure (trompeuse) de créature maléfique se niche le fantôme d’un peuple primitif anéanti par l’homme. En clair, cette relecture moderne du mythe de la sirène est aussi ambitieuse que palpitante. Seul vrai regret : une fois encore le pouvoir des femmes et des jeunes filles est associé – beaucoup trop – à la sensualité et au désir. Allez, encore un effort mesdames et messieurs les scénaristes !