ADORABLES VOISINES
Nina et Madeleine : jolis prénoms pour deux beaux personnages, aussi rares au cinéma que doucement subversifs. Ces deux septuagénaires discrètes, nichées dans une petite ville de province, sont en effet de simples voisines aux yeux de tous et toutes, alors que, en réalité, elles vont et viennent entre leurs appartements et partagent leurs vies ensemble. En clair, elles filent le parfait amour depuis des années. Personne ne le sait, pas même la fille dévouée de Madeleine. Jusqu’au pépin de santé, tragique, qui va tout bouleverser.
Le premier long-métrage de Filippo Meneghetti, jeune cinéaste italien vivant en France, épouse la forme d’un thriller – modeste mais fin – pour mieux dévoiler les cachotteries, les malaises et les luttes qui jalonnent ces amours clandestines. L’oeilleton des portes d’entrée y joue d’ailleurs un rôle récurrent… Idée simple mais bienvenue. D’abord parce qu’elle injecte un peu de tension, voire de paranoïa, dans ce qui reste, pour l’essentiel, une chronique intimiste et délicate. Et ensuite parce qu’elle permet de regarder Nina et Madeleine non comme des victimes mais comme des héroïnes. Diminuées et/ou écartées, peut-être, mais obstinées. À travers leur combat s’agite ainsi la question de la censure : celle que les autres nous imposent et celle que l’on intériorise et s’impose à soi-même.
C’est dire si Deux s’inscrit dans une vraie profondeur. Formidablement relayée, il est vrai, par les grandes comédiennes que sont Barbara Sukowa et Martine
Chevallier (sociétaire de la Comédie
Française). La nuance de leur jeu donne une puissance irrésistible
– très requinquante – à Nina et
Madeleine !
Deux, de Filippo Meneghetti. Sortie le 12 février.