WESTERN AU FÉMININ
En 2013, David Perrault nous enchantait avec son premier film, brutal et poétique, Nos héros sont morts ce soir. Le voici qui nous ensorcelle avec ce western hypnotique : L’État sauvage. En pleine guerre de Sécession, une famille de colons français, Edmond, Madeleine et leurs trois filles, fuient le Missouri. Il leur faut traverser les États-Unis à cheval, pour prendre un bateau et rentrer en France. Le taiseux et sombre Victor, ancien mercenaire, les accompagne et les protège. Très vite, la famille est suivie par une troupe d’hommes aux visages masqués, menés par une femme inquiétante et belle. Que veut-elle ? Qui veut-elle ? C’est l’un des nombreux mystères qui traversent ce récit, dans lequel l’épopée, le drame et la romance se lient. « C’est d’abord une histoire de désir, précise le réalisateur, de désir d’aventure et de liberté. » Cette soif d’échapper aux carcans de l’époque, elle s’incarne en chacune des héroïnes (Alice Isaaz, Déborah François et Kate Moran, envoûtantes). Résolument féministe, ce western raconte l’émancipation de ces protagonistes, bourgeoises ou brigandes, et leur rapport violent aux hommes et à leurs lois. Comme pour son premier film, David Perrault a su créer une esthétique particulière. Malgré des décors et des costumes rigoureusement d’époque, il distille ça et là des détails ou des lumières modernes et décalées.
Ce qui contribue à donner à plusieurs scènes une telle puissance qu’elles vous restent longtemps en mémoire.
L’État sauvage, de David Perrault. En salles.