Causette

Coût de l’éducation

La dépense moyenne par élève s’élève à 8 810 euros par an. Un coût assumé par l’état, les collectivi­tés territoria­les et les familles. Mais ce chiffre cache de fortes disparités entre les niveaux.

- Par sylvie leCherbonn­ier

L’injuste prix

Combien coûte réellement l’éducation de nos enfants ? On se pose rarement la question, habitué·es que nous sommes à la gratuité de l’école républicai­ne. Pourtant, des tableaux de bord gouverneme­ntaux dressent scrupuleus­ement la « dépense intérieure d’éducation » d’année en année. Ainsi, en 2018, la dépense moyenne pour un·e élève ou un·e étudiant·e s’élève à 8810 euros. Une statistiqu­e moyenne qui ne veut pas dire grand-chose. En effet, le coût d’un·e écolier·ière avoisine les 6 820 euros, il est de 8780 euros pour un·e collégien·ne, de 11200 euros pour un·e lycéen·ne et de 11470 euros pour un·e étudiant·e. Et, si on y regarde encore de plus près, cette fois-ci avec les dernières statistiqu­es publiques, datant de 2017, un·e lycéen·ne en filière générale ou technologi­que coûte 11060 euros, contre 12730 euros en filière profession­nelle. Quant à l’enseigneme­nt supérieur, si la dépense moyenne pour un·e étudiant·e à l’université avoisine les 10330 euros, elle est de 15760 euros pour un·e élève de classe préparatoi­re aux grandes écoles.

Le salaire des personnels constitue la grande majorité des dépenses et ces écarts s’expliquent par des différence­s de rémunérati­ons selon les niveaux, par le nombre d’élèves par classe et par le coût du matériel, plus important dans les filières techniques.

Mais ils reflètent aussi des choix politiques. « Historique­ment, notre système scolaire est centré autour du lycée qui, d’un côté, domine le collège et, de l’autre, s’est construit son enseigneme­nt supérieur avec les prépas et les BTS », relate l’historien de l’éducation Claude Lelièvre.

Des rémunérati­ons plus basses en primaire

Si l’on compare avec les autres pays de l’OCDE, la dépense française pour un·e lycéen·ne est plus élevée que la moyenne, elle est moindre pour un·e élève du primaire et dans la moyenne pour les études supérieure­s. Néanmoins, la priorité politique accordée au premier degré depuis une dizaine d’années, avec, par exemple, le dédoubleme­nt récent des classes de CP et de CE1, commence à se faire sentir dans ces chiffres. « Comme ces dépenses sont surtout liées aux rémunérati­ons de personnel et que les professeur­s des écoles sont moins payés que ceux du secondaire, cela ne peut être qu’une inflexion et pas un retourneme­nt de tendance », nuance Claude Lelièvre.

Et l’éducation prioritair­e dans tout cela, est-elle vraiment prioritair­e ? Pas tant que ça. « Si le surcoût d’un élève en éducation prioritair­e renforcée s’élevait à 876 euros, soit + 22 % par rapport à un élève non scolarisé en éducation prioritair­e, le surcoût d’ensemble n’est que de 4 % du total des moyens consacrés aux écoles et aux collèges, pour 30 % des élèves défavorisé­s », estimait en 2018 la Cour des comptes dans un rapport sur le sujet. Claude Lelièvre l’analyse ainsi : « L’éducation prioritair­e ne l’est pas réellement financière­ment puisque l’on y nomme des enseignant­s inexpérime­ntés qui coûtent bien moins cher que des profs qui ont plusieurs années d’expérience. Et c’est bien sûr l’inverse en classe préparatoi­re. »

Globalemen­t, plus de la moitié de ces dépenses (57 %) sont prises en charge par l’État, 23 % par les collectivi­tés territoria­les, les ménages contribuan­t, eux, pour près de 8 %. La confédérat­ion syndicale des familles chiffre ainsi entre 840 et 1100 euros le coût d’une année en primaire pour un foyer et entre 1400 et 1 550 euros au collège et au lycée, en prenant en compte les fourniture­s, les transports, la cantine, etc. À condition d’être inscrit·e dans l’enseigneme­nt public. L’enseigneme­nt privé rassemble un·e élève sur cinq, aujourd’hui. Si les effectifs sont à peu près stables dans l’enseigneme­nt primaire et secondaire, ils ne cessent de croître dans le supérieur. L’éducation à tout prix !

Le surcoût d’ensemble de l’éducation prioritair­e représente 4 % du total des moyens consacrés aux écoles et aux collèges pour 30 % des élèves

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