Coût de l’éducation
La dépense moyenne par élève s’élève à 8 810 euros par an. Un coût assumé par l’état, les collectivités territoriales et les familles. Mais ce chiffre cache de fortes disparités entre les niveaux.
L’injuste prix
Combien coûte réellement l’éducation de nos enfants ? On se pose rarement la question, habitué·es que nous sommes à la gratuité de l’école républicaine. Pourtant, des tableaux de bord gouvernementaux dressent scrupuleusement la « dépense intérieure d’éducation » d’année en année. Ainsi, en 2018, la dépense moyenne pour un·e élève ou un·e étudiant·e s’élève à 8810 euros. Une statistique moyenne qui ne veut pas dire grand-chose. En effet, le coût d’un·e écolier·ière avoisine les 6 820 euros, il est de 8780 euros pour un·e collégien·ne, de 11200 euros pour un·e lycéen·ne et de 11470 euros pour un·e étudiant·e. Et, si on y regarde encore de plus près, cette fois-ci avec les dernières statistiques publiques, datant de 2017, un·e lycéen·ne en filière générale ou technologique coûte 11060 euros, contre 12730 euros en filière professionnelle. Quant à l’enseignement supérieur, si la dépense moyenne pour un·e étudiant·e à l’université avoisine les 10330 euros, elle est de 15760 euros pour un·e élève de classe préparatoire aux grandes écoles.
Le salaire des personnels constitue la grande majorité des dépenses et ces écarts s’expliquent par des différences de rémunérations selon les niveaux, par le nombre d’élèves par classe et par le coût du matériel, plus important dans les filières techniques.
Mais ils reflètent aussi des choix politiques. « Historiquement, notre système scolaire est centré autour du lycée qui, d’un côté, domine le collège et, de l’autre, s’est construit son enseignement supérieur avec les prépas et les BTS », relate l’historien de l’éducation Claude Lelièvre.
Des rémunérations plus basses en primaire
Si l’on compare avec les autres pays de l’OCDE, la dépense française pour un·e lycéen·ne est plus élevée que la moyenne, elle est moindre pour un·e élève du primaire et dans la moyenne pour les études supérieures. Néanmoins, la priorité politique accordée au premier degré depuis une dizaine d’années, avec, par exemple, le dédoublement récent des classes de CP et de CE1, commence à se faire sentir dans ces chiffres. « Comme ces dépenses sont surtout liées aux rémunérations de personnel et que les professeurs des écoles sont moins payés que ceux du secondaire, cela ne peut être qu’une inflexion et pas un retournement de tendance », nuance Claude Lelièvre.
Et l’éducation prioritaire dans tout cela, est-elle vraiment prioritaire ? Pas tant que ça. « Si le surcoût d’un élève en éducation prioritaire renforcée s’élevait à 876 euros, soit + 22 % par rapport à un élève non scolarisé en éducation prioritaire, le surcoût d’ensemble n’est que de 4 % du total des moyens consacrés aux écoles et aux collèges, pour 30 % des élèves défavorisés », estimait en 2018 la Cour des comptes dans un rapport sur le sujet. Claude Lelièvre l’analyse ainsi : « L’éducation prioritaire ne l’est pas réellement financièrement puisque l’on y nomme des enseignants inexpérimentés qui coûtent bien moins cher que des profs qui ont plusieurs années d’expérience. Et c’est bien sûr l’inverse en classe préparatoire. »
Globalement, plus de la moitié de ces dépenses (57 %) sont prises en charge par l’État, 23 % par les collectivités territoriales, les ménages contribuant, eux, pour près de 8 %. La confédération syndicale des familles chiffre ainsi entre 840 et 1100 euros le coût d’une année en primaire pour un foyer et entre 1400 et 1 550 euros au collège et au lycée, en prenant en compte les fournitures, les transports, la cantine, etc. À condition d’être inscrit·e dans l’enseignement public. L’enseignement privé rassemble un·e élève sur cinq, aujourd’hui. Si les effectifs sont à peu près stables dans l’enseignement primaire et secondaire, ils ne cessent de croître dans le supérieur. L’éducation à tout prix !
Le surcoût d’ensemble de l’éducation prioritaire représente 4 % du total des moyens consacrés aux écoles et aux collèges pour 30 % des élèves