Pleine conscience
En Seine-Saint-Denis, des établissements proposent des séances de méditation pour les élèves. Pour apaiser les tensions et remédier au manque d’attention.
Une solution à méditer…
le tintement du bol tibétain résonne dans le gymnase. Le brouhaha et les fous rires étouffés se calment progressivement. Le silence s’installe. Les yeux se ferment, les épaules se relâchent, les visages se détendent. Au milieu de l’arc de cercle formé par les élèves assis·es par terre, délesté·es de leurs chaussures, Gaëlle Piton *, jambes croisées, paumes de main ouvertes vers le ciel, parle d’une voix douce. « Concentrez-vous sur votre respiration », propose-t-elle aux collégien·nes. La séance de méditation peut commencer.
Depuis 2015, cette sophrologue et instructrice en méditation de pleine présence, âgée de 39 ans, anime des ateliers au sein des établissements scolaires de Seine-Saint-Denis. Tout est parti d’un programme de lutte contre le stress et les violences à l’école lancé par la ville de SaintDenis. « On remarque chez les élèves un manque d’attention, de concentration, une grande impulsivité qui gênent les apprentissages classiques et occasionnent des situations de grand stress »,
explique Gaëlle Piton, elle-même habitante de Saint-Denis. Objectif de cette initiative menée avec Rebecca Shankland, chercheuse en psychologie positive : améliorer le climat scolaire, apaiser les tensions. « La méditation est au cerveau ce que le sport est au corps, un entraînement… de l’esprit »,
précise la trentenaire.
L’expérience, lancée dans le collège Dora-Maar, s’est vite étendue à d’autres établissements de Saint-Denis, puis à ceux des villes limitrophes. Gaëlle Piton intervient auprès d’élèves de la maternelle au lycée, de leurs enseignant·es, mais aussi des parents pour que « tout le système école soit concerné ».
Tout est fondé sur le volontariat. Sa technique est complémentaire des apprentissages classiques et permet de mettre l’élève en meilleure capacité d’apprendre.
Si son travail est désormais bien accueilli, au début, elle a dû faire face au scepticisme de certain·es enseignant·es et au manque de concentration des élèves. « Méditer est un acte engagé, courageux, parfois difficile, assure cette convaincue. Cela n’a pas toujours été aisé de créer un climat propice. »
“moins de bagarres et une meilleure attention”
Malgré quelques atermoiements, les effets ne tardent pas à se faire sentir, y compris dans les petites classes. Peu à peu, les enseignant·es constatent « moins de bagarres, moins de conseils de discipline, une meilleure attention et un meilleur accueil des émotions ». Les élèves se révèlent aussi plus investi·es dans la vie de leur établissement. De fait, le projet a évolué. Des élèves ambassadeur·drices sont formé·es pour transmettre, à leur tour, les vertus de la méditation à leurs pairs.
Pour ces ateliers, Gaëlle Piton a reçu le prix de l’innovation positive en 2019, décerné par l’université de Grenoble (Isère). Une juste récompense pour un travail de longue haleine. Elle en est persuadée, « la méditation est bien plus qu’un outil de bien-être : elle apporte un soulagement, une transformation profonde de l’individu. En se respectant soi, en respectant l’autre, on arrive à changer le monde. »
* La Méditation, c’est la vie !, de Gaëlle Piton. Éd. First, 2018.
Pour plus d’informations : gaellesophrocoach.com