Relations parents-profs
Dans ce domaine comme dans tous les autres, le confinement a tout bouleversé. Les relations entre les parents et le corps enseignant se sont trouvées modifiées et un pas a été fait vers plus de compréhension mutuelle. Un changement durable ?
Va, je ne te hais point !
aaah, les relations parents-profs ! Les profs qui en demandent trop mais n’en font pas assez, les parents qui sont trop intrusifs mais jamais là quand on a besoin d’eux, à l’exception des perles rares… Le sujet fait beaucoup parler, dans les repas de famille, les salles des profs, devant l’école ou sur les réseaux sociaux.
De la mi-mars à la fin juin, parents et enseignant·es ont connu une sorte d’inversion des rôles. Du jour au lendemain, ce n’étaient plus les enseignant·es qui étaient avec les élèves quand ils·elles apprenaient, mais les parents. Beaucoup d’entre eux ont été amenés à faire bien plus que vérifier si les devoirs étaient faits et ont ainsi pris conscience de la difficulté de la tâche des enseignant·es. Ces derniers et dernières ont réalisé, de leur côté, qu’ils·elles avaient besoin des informations détenues par les parents. Et faute de pouvoir parler directement à leurs élèves par téléphone, ils·elles se sont parfois retrouvé·es à parler aux parents, dans une relation individuelle, qui a renforcé les liens. Des rapprochements ont eu lieu aussi avec les acteurs et les actrices associatives et sociales.
Le confinement a aussi placé sous une lumière crue les très fortes inégalités culturelles et sociales face à l’école (voir page 16). Les enseignant·es ont été personnellement confronté·es à des réalités redoutables, mais pas toujours connues. Au-delà du manque d’équipement de certain·es élèves, les cours par visioconférences ont parfois révélé sur l’écran des conditions de vie insoupçonnées.
Entre les coups de fil hebdomadaires ici, les mails échangés là, les inquiétudes pour les élèves dont on était sans nouvelles un peu partout, les liens se sont beaucoup développés entre enseignant·es et familles, des liens plus personnels et de confiance, reposant sur une meilleure connaissance réciproque. Collectivement, des équipes ont imaginé des dispositifs pour garder ce lien : classes ouvertes aux parents, nouveaux outils de communication et d’implication dans l’école, qu’elles entendent bien pérenniser au-delà de ces drôles de circonstances. Cette année scolaire 2020-2021 nous dira si cela a abouti à la généralisation de relations plus apaisées et équilibrées, dans l’intérêt des enfants... *Cécile Blanchard est rédactrice en chef des Cahiers pédagogiques.