Causette

Marie-Solène Letoqueux

Cette enseignant­e d’ille-et-Vilaine a lancé sa chaîne YouTube, La Maîtresse part en live, pour garder le contact avec ses élèves de maternelle. Une manière joyeuse d’incarner la fameuse « continuité pédagogiqu­e » prônée durant le confinemen­t.

- Par ClaUDine Colozzi

La classe internatio­nale

Derrière le sourire et le déguisemen­t de superhéroï­ne, l’émotion est palpable ce vendredi 3 juillet. Après cinquante-cinq émissions, l’heure des vacances a sonné et Marie-Solène Letoqueux raccroche sa cape et sa baguette magique. « Merci pour votre implicatio­n, pour votre créativité », s’enthousias­me la brunette à lunettes en interpella­nt les parents et les enfants qui ont suivi La Maîtresse part en live. Une heure de direct à destinatio­n des 3-6 ans, un cocktail détonant de sérieux et de fantaisie.

Du 23 mars au 3 juillet, quatre jours par semaine, l’enseignant­e bretonne de 32 ans a conçu une classe virtuelle articulée autour de temps forts comme les rituels (date, météo) ou la comptine. En septembre, Marie-Solène a retrouvé le chemin de l’école avec une classe de grande section de maternelle, mais cette parenthèse de youtubeuse marquera son parcours d’enseignant­e. « Imaginer tous les jours une classe à distance, arriver à se renouveler, ne pas lasser, le pari était osé, confie-t-elle. Au début, il y a eu quelques fous rires, des petits ratés, mais, au fil des émissions, j’ai gagné en spontanéit­é ! » Ses années à pratiquer le théâtre amateur l’ont aidée. Puis elle a retrouvé ses réflexes profession­nels. Pour elle, l’enseigneme­nt représente plus qu’un métier, une vocation.

échanges et partage

Dans leur maison, le couple a confection­né un décor évoquant une salle de classe. Car, pour porter ce projet pédagogiqu­e, Marie-Solène a été plus qu’épaulée par son mari, Ronan, gérant d’une boîte de production, qui est passé derrière la caméra. Même leur fillette, Maëlle, âgée de 7 mois, a rejoint l’aventure installée dans son porte-bébé !

Très vite, le succès a dépassé le cadre des vingt-six élèves de petite section de l’école de Luitré-Dompierre, près de Fougères (Ille-et-Vilaine). Les connexions ont afflué « du monde entier ». Aujourd’hui, la chaîne comptabili­se 98800 abonné·es. « Les parents ont joué le jeu, se félicite Marie-Solène, qui n’avait pas prévu un tel engouement. Certains ont même réaménagé une pièce pour reconstitu­er le décor de l’émission ! » Pour fédérer cette nouvelle communauté, le couple a créé un serveur Discord où les parents ont pu se retrouver et échanger des conseils, des idées, des photos et des vidéos. Des enseignant·es ont aussi donné un coup de main à leur jeune collègue. Et, quand le 4 mai, Marie-Solène a annoncé qu’elle arrêtait pour retrouver sa classe, une pétition en ligne a permis que le recteur de l’académie de Rennes l’autorise à poursuivre jusqu’aux vacances d’été.

« Beaucoup de parents pensaient que l’école maternelle revenait surtout à faire de l’occupation­nel. Ils ont découvert qu’on y développe de vraies compétence­s. Pour certains, cela a été une vraie révélation ! »

Un peu dérouté·es au départ par cette classe virtuelle (« Maman, je me lève de ma chaise et la maîtresse me dit rien ! »),

les enfants ont aussi très vite accroché à ce rendez-vous. Malgré tout, l’institutri­ce se réjouit de retrouver une classe. Car rien ne remplace le contact avec les élèves, pas même un tour de baguette magique !

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