Bernadette Nozarian
Autrice d’Apprendre sans aller à l’école – Choisir le
Causette : le confinement que nous avons expérimenté ce printemps peut-il donner une idée de ce que vivent les familles qui pratiquent l’instruction à domicile toute l’année ?
Bernadette Nozarian : Absolument pas. En général et depuis 1998, les familles non scolarisantes sont fortement stigmatisées par les pouvoirs publics. Les gouvernements successifs n’ont eu de cesse de tenter de limiter leur liberté pédagogique par des lois liées à la prévention de la délinquance, du terrorisme, de la radicalisation, de l’enfance en danger, ou encore du décrochage scolaire… Rien de moins ! Par ailleurs, il faut garder à l’idée que la « non-sco » est d’abord, et avant tout, un choix de vie, pas une méthode pédagogique. C’est un choix POUR une autre vie et non pas CONTRE ceci ou cela. homeschooling (éd. Nathan, 2017)
l’acquisition de l’instruction des enfants est contrôlée. en quoi ces inspections consistent-elles et par qui sont-elles effectuées ?
B. N. : Ce sont des contrôles annuels qui permettent de constater que l’enfant reçoit une instruction et qu’il progresse. Depuis septembre 2019, l’obligation d’instruction est étendue aux élèves dès 3 ans, qui peuvent aussi être inspectés. Lors de ces contrôles, c’est malheureusement la loterie : il est possible de tomber sur un inspecteur ouvert ou fermé d’esprit, qui acceptera, ou non, qu’il y ait d’autres manières d’apprendre que ce qui se fait à l’école…
Et, tous les deux ans, la mairie réalise également une enquête pour déterminer les conditions dans lesquelles cette instruction est apportée aux enfants.
Que conseiller aux parents qui voudraient se lancer dans une telle aventure ?
B. N. : Les parents ont besoin de connaître parfaitement leurs droits et la loi. L’association Les Enfants d’abord* édite et remet régulièrement à jour un guide juridique. Je leur suggère aussi de toujours se faire accompagner par d’autres parents plus aguerris lors du contrôle de l’instruction et de l’enquête de la mairie. On peut en rencontrer en adhérant à une association. Il convient aussi de se poser les bonnes questions : quels seront les choix pédagogiques ? Qui va continuer à travailler et à quel rythme ? Interroger son propre couple est nécessaire : est-il solide et prêt à se jeter dans cette aventure ? Sinon, la mère risque d’en avoir la charge seule, comme c’est souvent le cas…
* Lesenfantsdabord.org