La maîtresse en bottes de caoutchouc
Dans le livre qu’elle a coécrit avec Moïna Fauchier-Delavigne, Crystèle Ferjoux (lire son portrait page 58) développe et théorise ce qu’elle pratique depuis des années : faire la classe hors les murs. Professeure des écoles, conseillère pédagogique dans les Deux-Sèvres, elle accompagne des enseignants dans la pratique de la « classe dehors ». L’un de ses credo : « Ce qui est primordial, c’est de permettre à l’enfant de toucher la terre. » Et, en effet, l’enfant d’aujourd’hui passe du bitume du trottoir à celui de la cour de récré sans jamais poser les pieds dans le sable, la boue ou l’herbe sur un sol à découvert. En France, la nature n’est pas prioritaire à l’école, elle est encore « en plus ». À l’occasion d’un voyage, d’une sortie scolaire, elle surgit par surprise. Elle n’est pas l’objet du voyage, le sujet de l’étude. Pourtant, nous rappelle Crystèle Ferjoux, des chercheurs du monde entier affirment que l’accès régulier à la nature pourrait être une réponse à la baisse des niveaux scolaires et au déclin de la capacité de concentration.
Pionnière en la matière, elle a donné des cours en plein air pendant des années avec des résultats indiscutables : ses élèves ont appris à aimer l’école et ont développé leur sensibilité et leurs compétences.
Dans ce livre, Crystèle Ferjoux raconte et détaille cette expérience, très décriée à ses débuts par le corps enseignant lui-même. Aujourd’hui plus fréquentes, les classes en extérieur sont encore trop peu mises en valeur. « La peur de la nature dont parlait déjà François Terrasson en 1988 est encore présente, déplore-t-elle, plus on s’éloigne d’elle, plus elle fait peur. »
Emmenez les enfants dehors !, de Crystèle Ferjou et Moïna Fauchier-Delavigne. Éd. Robert Laffont, 180 pages, 18 euros.