Formation : ce qu’attendent les enseignant·es
Pendant le confinement, les enseignant·es ont dû s’appuyer sur le numérique et revoir leurs pratiques. Mais beaucoup n’étaient pas formé·es à l’usage des outils et encore moins à l’enseignement à distance. Leur formation au numérique est entièrement à rep
actuellement, l’Éducation nationale dispense aux enseignant·es quelques formations sur des outils précis, comme les tableaux numériques, qui équipent les salles de classe, mais rien sur l’enseignement à distance en tant que tel. « Ce qui manque réellement, c’est une formation à la culture et à la littératie numérique : comment on l’utilise dans nos sociétés, comment on forme des citoyens, comment on enseigne les langues avec le numérique…, explique Caroline Vincent, maîtresse de conférences en sciences de l’éducation et en sciences du langage, enseignante et chercheuse au Laboratoire d’économie et de sociologie du travail à l’université d’Aix-Marseille. Il ne s’agit pas d’utiliser le numérique pour le numérique, mais comme élément au service de la pédagogie et de l’apprentissage. Il permet de regarder des vidéos, d’écouter, de lire, de jouer, et s’adapte très bien aux différents profils d’apprentissage. Mais sur le fond, il n’y a pas de nouveautés et encore moins d’effet magique. »
Le mythe des digital natives, qui prétend que les enfants né·es avec le numérique en auraient une expertise innée, dissuade parfois les enseignant·es de se former. Beaucoup ont le sentiment qu’utiliser des dispositifs numériques avec leurs élèves leur ferait perdre leur position de dominant dans la transmission de savoirs. « Les enseignants doivent trouver leur place, reconnaît Caroline Vincent. Ils ont l’impression que l’élève est en interaction directe avec les ressources numériques, alors que c’est un triangle. Il n’est pas question de remplacer les enseignants. Pour apprendre, on a besoin d’avoir quelqu’un qui fasse de la didactique, qui nous dise par où commencer et ce qui est utile. Il faut valoriser les enseignants et les former dès le départ. » Bien au-delà de la maîtrise technique des outils, ils·elles devraient avoir une formation intégrant l’usage d’un numérique éducatif et pédagogique.