Cheyenne et Lola Road-movie chez les Ch’tis
Cheyenne et Lola. Impossible de rater le clin d’oeil : l’association dans un même titre de deux prénoms féminins évoque irrésistiblement Thelma et Louise, film cultissime de Ridley Scott. Et pour cause ! Cette nouvelle création d’OCS, signée Virginie Brac, nous embarque elle aussi dans la folle équipée de deux femmes que tout oppose. Sauf que ça se passe aujourd’hui, le long des plages du nord de la France, et que l’intrigue mouvementée a pour toile de fond la crise des migrant·es. Autant dire que si Cheyenne et Lola font la paire, c’est parce que la série qui porte leurs noms est unique. Aussi décalée que féroce.
Voyez ses héroïnes. Cheyenne, tatoueuse à temps partiel, gagne sa vie comme femme de ménage sur les ferries assurant la liaison avec l’Angleterre et rêve de partir en Amazonie pour fuir son braqueur de mari. Lola, elle, vient de débarquer dans le Nord pour suivre son amant. Intelligente malgré ses airs évanescents, elle est convaincue que sa beauté et son manque de scrupules suffisent pour obtenir argent et bonheur. Sauf que non : leur rencontre va d’ailleurs se sceller autour d’un crime. En clair, les deux pépettes antagonistes vont devoir s’entraider tandis que flics, caïds, patrons, époux et ex-petit ami, n’auront de cesse de les entraîner dans un jeu très dangereux…
Vous l’avez compris : Cheyenne et Lola est à la fois une fable sur la tyrannie des hommes et un hymne à l’amitié féminine. Naviguant avec maestria entre polar social, buddy movie et western iodé, ses huit épisodes s’amusent à dynamiter les genres pour mieux déconstruire les stéréotypes (associés aux femmes comme aux prolos). C’est parfois drôle, souvent âpre, et culotté tout le temps. Surtout, ce récit enlevé, jamais victimaire ni misérabiliste, est porté par une troupe de comédiennes jubilatoires, dont Veerle Baetens (Cheyenne), Charlotte Le Bon (Lola) et SophieMarie Larrouy (Mégane, soeur boulet de Cheyenne), immenses !
Cheyenne et Lola, de Virginie Brac. Série de 8 épisodes de 54 min, sur OCS depuis le 24 novembre.