Une si belle famille Grossesse nerveuse
Il suffit parfois d’un moment d’égarement pour que tout bascule. Pour le pire, ou pour le meilleur ! Telle est la morale grinçante d’Une si belle famille, savoureuse comédie suédoise qui décoche ses flèches empoisonnées dans un cadre idéalement lumineux et classique. Histoire de rappeler que l’être humain peut être assez paradoxal (et pas mal hypocrite, aussi).
Centrée autour de deux maisons magnifiques, une salle de réception, une église et quatre femmes, cette nouvelle minisérie scandinave se propose de percer les secrets de deux familles opposées (l’une est bourgeoise, blonde et coincée ; l’autre est artiste, métissée et décontractée), quoique reliées par l’union de leurs filles respectives (oui, c’est un mariage gay). À l’origine de ce remue-ménage(s) féroce : la liaison entre Grace – la mère de l’une – et Sam – le père de l’autre –, qui débouche bientôt sur une grossesse surprise (la future mère a quand même 51 ans). Tandis que Grace s’émeut, hésite, rougit, puis voit dans ce bébé inespéré l’occasion d’une émancipation salvatrice, sa si belle famille s’agite, juge et se scandalise, oscillant d’alliances variables en trahisons variées. En clair, cette grossesse tardive et illégitime – double tabou – s’avère des plus… nerveuses, révélant comme jamais le poids de la religion et de la bien-pensance sur une société suédoise soit-disant très libérée.
Habilement mise en scène par Colin Nutley, grand admirateur de Shakespeare devant l’éternel, l’intrigue d’Une si belle famille combine les atouts de la comédie de moeurs et ceux de la fable. Cerise sur le cake (ou sur la brioche à la cannelle, Suède oblige) : elle s’achève sur un épilogue aussi narquois que féministe.
Une si belle famille, de Colin Nutley. Minisérie de 4 épisodes de 44 min. Sur Arte, le 17 décembre à 20 h 55 et sur la plateforme Arte.tv jusqu’au 15 février.