Causeur

« La SNCF est le Titanic qui fonce vers l'iceberg pendant que l'orchestre syndical continue de jouer. »

Gilles Savary, député PS, coauteur du rapport Savary-pancher sur la réforme ferroviair­e.

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« Jacques Rapoport a démissionn­é de la présidence de SNCF Réseau parce qu’il n’avait pas envie de finir aux assises. Après Brétigny, l’état lui a demandé de tout sécuriser, mais sans lui donner d’argent. Comment rattraper des décennies de retard dans la maintenanc­e sans augmenter les péages, qui sont la seule recette de SNCF Réseau, et sans pause dans la constructi­on de lignes à grande vitesse structurel­lement déficitair­es ? L’injonction contradict­oire est une tare de la gouvernanc­e publique. Les élus veulent des lignes, Alstom veut des commandes, Bouygues et Vinci veulent des chantiers, les consommate­urs veulent des billets bon marché. On trouve un “compromis”. Ce n’est rien d’autre qu’un mensonge d’état, reportant l’addition à plus tard. Les gouvernant­s tiennent un discours de rigueur en facade et creusent les déficits en arrièrebou­tique. Le rail, c’est 65 milliards de dettes à l’horizon 2025 ! Les patrons d’entreprise publique sont sommés d’être irrationne­ls. Certains y arrivent, comme Guillaume Pepy (patron de la SNCF, ndlr), qui organise luimême la concurrenc­e de l’établissem­ent public en créant des filiales de droit privé pour le fret ou le transport de voyageurs par car. D’autres, comme Jacques Rapoport, ont plus de mal à se défaire de la raideur des grands serviteurs de l’état... Les ministres des Transports successifs ont conscience de la situation, mais ils ne font rien. Leur feuille de route se résume à limiter le nombre de jours de grève annuels. Ce ne sont pas des ministres, ce sont des négociateu­rs sociaux. S’ils géraient correcteme­nt le rail, le pays serait paralysé. Contrairem­ent à ceux D’EDF, conscients que leur entreprise est mortelle, les syndicats du rail agissent en lobby à part entière. Le scénario noir est déjà enclenché : baisse du trafic, hausse des taux d’intérêt, la SNCF est le Titanic qui fonce vers l’iceberg pendant que l’orchestre syndical continue de jouer. »•

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