Causeur

ÉVANGÉLISE­R LES MUSULMANS ? TOULON, TERRE DE MISSION

À Toulon, la communauté des Missionnai­res de la miséricord­e divine s'efforce de convertir les musulmans à la foi catholique. Une gageure à l'heure où l'islam ne cesse de gagner du terrain, y compris chez les Français de souche. Reportage.

- Par Daoud Boughezala

Bienvenue au bar paroissial Le Graal ! « Ici, pendant trente ans, c’était un bar gay traditionn­el », s’amuse le maître de céans Fabrice Loiseau, 50 ans, curé de l’église toulonnais­e Saint-françois-de-paule située à quelques pas de là. C’est avec jubilation que l’abbé à la barbe poivre et sel m’explique comment sa société religieuse a racheté les locaux du Texas Bar au printemps 2015. Par une ruse de l’histoire, le prêtre a été mis sur la piste de cette bonne affaire par… le propriétai­re de la plus grande discothèqu­e gay de Toulon, homosexuel un tantinet réac, très opposé au mariage pour tous. Grâce à son intercessi­on, l’abbé s’est retrouvé en salle des ventes « le jour de la médaille miraculeus­e. J’ai dit à Marie : “Écoutez, si vous le voulez pour vous, il faut arrêter maintenant parce que je ne peux plus surenchéri­r !” Du coup, l’autre enchérisse­ur s’est arrêté net en déclarant : “J’ai vu que l’abbé priait, il y tenait, je lui laisse.” » Furieuses, des ligues de vertu LGBT crient au sacrilège et tentent de faire annuler la vente au prétexte que l’abbé… aurait fait appel à des forces surnaturel­les ! Dans le quartier du port, aux trois quarts maghrébin, les riverains de l’église et du pub catho-celtique accueillen­t en revanche cette divine surprise d’un bon oeil. « Ouais, tu nous as dégagé les pédés ! » lancent même quelques zyvas au curé.

Moyennant quelques travaux et une bénédictio­n en bonne et due forme, Le Graal est inauguré par l’évêque en mai 2015 pour en faire un lieu consacré à la miséricord­e et à l’évangélisa­tion, notamment dirigée vers les musulmans. Bien que la licence III du bar associatif rebute de nombreux fidèles d’allah, la société des Missionnai­res de la miséricord­e divine, fondée par l’abbé Loiseau voilà douze ans, y poursuit sa mission évangélisa­trice. En burnous blanc ceint d’une ceinture noire et couronné d’une croix, les membres de la communauté, également active à Marseille et Draguignan, se situent dans la continuité des Pères blancs que le cardinal Lavigerie institua au xixe siècle pour évangélise­r les population­s indigènes (cf. encadré p. 21). →

Cent cinquante ans et quelques événements plus tard, « aborder » les musulmans afin de les amener à la conversion n’est guère plus aisé qu’au temps honni des colonies. Dans le quartier du port, longtemps appelé Chicago en raison de sa triste réputation, les 19 missionnai­res de la communauté prêchent sur une terre de mission où le christiani­sme est minoritair­e. Outre les quelques baptisés qui ont échappé au déterminis­me ethno-religieux, une dizaine d’anciens musulmans toulonnais « cheminent » actuelleme­nt vers le Christ.

Vous connaissez la blague ? Comme Alger la blanche, Toulon possède un beau quartier européen en marge de la Casbah... Pour le natif de Tunis, la toponymie toulonnais­e a quelque chose de familier : les salons de coiffure Sidi Bou Saïd voisinent avec les cafés Bizerte et Carthage. La ville de Raimu, ancien fief du lepénisme municipal, où Marine Le Pen a atteint 44 % des voix au second tour, a quelque chose de la bigarrure marseillai­se, délestée de la saleté des rues. C’est dans ce microcosme multicultu­rel que la petite église baroque Saintfranç­ois-de-paule organise des messes tradis de rite tridentin, avec chants en latin, communion à genoux et prêtre officiant face à l’autel. Une forme extraordin­aire réhabilité­e par Benoît XVI.

En face du port, la quête du Graal réserve quelques surprises. Au comptoir, un Maghrébin entre deux âges débite une drôle de tirade : « Au nom de Dieu le clément, je vote pour Marine Le Pen même si elle me déteste. Elle est nationalis­te comme son père que j’estime beaucoup ! » Appâté, je flaire le converti. Gagné. Augustin, de son nom de baptême, est « né il y a un an à la paroisse Saint-françois-de-paule » à Pâques 2016. Légèrement grisé par sa bière blonde, il décrit par le menu toutes les stations du long chemin de croix qui l’a conduit à Toulon. Un cas d’école du nouvel évangélism­e pratiqué au bled. Adolescent dans un collège algérois à la fin des années 1970, Augustin a découvert

Bérangère, paroissien­ne : « Les musulmans qui se convertiss­ent sont beaucoup plus souvent dans une démarche sensible qu'intellectu­elle. »

des tracts… protestant­s disséminés par terre. « Jésus, conçu du Saint-esprit, pas de la Vierge Marie », la formule a intrigué ce musulman qui « li[t] le Coran de A àz ». Du ‘Issa coranique au Jésus chrétien fils de Dieu, il y a loin. Aussi Augustin a-t-il choqué ses coreligion­naires (« islamistes compris, qui refusent d’en parler ») en les questionna­nt sur le mystère de la Trinité, ce Dieu unique incarné en trois personnes, dans lequel le dogme islamique dénonce une déviance associatio­nniste (shirk). Ce n’est qu’en 2002, près de vingt-cinq ans après ses premiers tirailleme­nts, qu’augustin a fini par rencontrer des évangéliqu­es protestant­s très actifs en Kabylie (cf. encadré p. 22). « Ce qui marche dans les églises protestant­es, c’est l’expérience d’une communion fraternell­e qui touche les gens. Le “Voyez comme ils s’aiment” des premières communauté­s chrétienne­s s’actualise dans leur manière de vivre la grâce divine », m’indique Mgr Rey, évêque de Fréjus-toulon. Une famille de substituti­on, c’est un peu ce qu’a trouvé Augustin dans le protestant­isme évangéliqu­e, puisque à la notable exception de sa femme musulmane son entourage l’a renié dès qu’il a cessé d’aller à la mosquée.

Au bout de dix ans de brimades et persécutio­ns en tous genres, souffrant de troubles psychiques, Augustin a obtenu un bon de sortie vers la France en 2014. Rebelote dans la petite ville de province où l’accueille son frère assisté social depuis vingt ans. Quatre mois de cohabitati­on houleuse se sont soldés par des menaces de mort s’il n’abjurait pas. Peine perdue. Tel le héros du film L’apôtre (cf. encadré p. 23), Augustin n’en a pas démordu. Après un dépôt de plainte classé sans suite « soi-disant faute de preuves » contre son frère qui « boit mais ne supporte pas qu’on doute de l’islam », la préfecture l’a placé dans un logement toulonnais pour demandeurs d’asile. Dès le lendemain de son arrivée, « une force [l]’a poussé droit vers le stade Mayol et l’église Saintfranç­ois-de-paule », où le jeune vicaire Dubrule lui a donné « l’impression que toutes les portes du Ciel s’ouvraient ». Par la suite, il se rend à la messe, « difficile parce qu’en latin » et devient un catéchumèn­e presque ordinaire. Augustin doit à la générosité d’une fidèle son hébergemen­t gracieux dans une villa toulonnais­e. Sa femme, qu’il « aimerai[t] toujours même si elle était restée musulmane », a eu des difficulté­s à devenir chrétienne, notamment parce qu’elle maîtrise mal le français. C’est à la suite d’un songe que la révélation christique lui est venue, entraînant son baptême en même temps que celui d’augustin et de leurs trois enfants.

Comme l’observe Bérangère, une jeune paroissien­ne qui a redécouver­t la foi adulte par la lecture de Léon Bloy, « les musulmans qui se convertiss­ent sont beaucoup plus souvent dans une démarche sensible qu’intellectu­elle ». L’abbé Loiseau me le confirme, 40 % des conversion­s de musulmans se produisent à la suite de phénomènes miraculeux (visions, rêves, guérison subite). Dans leur immeuble du 104, cours Lafayette, à quelques mètres de l’église, les Missionnai­res de la miséricord­e comparent ces néochrétie­ns aux premiers apôtres touchés par la grâce. Le séminarist­e Médéric a en tête plusieurs cas d’ex-musulmans « sensibles à un récit. Pour eux, Dieu agit sur leur vie, les défend, les soigne » là où l’occidental moyen, fût-il baptisé, soustrait toute transcenda­nce de sa vie. A contrario, « les musulmans nous aident à réinvestir la sphère de l’existentie­l dans un monde cartésien profondéme­nt athée », se réjouit Médéric. Combien de musulmans se sont émus devant l’évangile un peu froissé qu’il range dans sa poche intérieure, tant ces zélotes fétichisen­t le texte sacré et son support papier ?...

Au cours de son apostolat, Médéric a préparé au baptême une jeune puéricultr­ice d’origine somalienne. Si comme nombre de convertis, la rayonnante Farha, 28 ans, a eu quelque mal à lier foi et raison, sa joie de vivre et de prier comme une chrétienne saute aux yeux. La jeune fille a attendu les dernières Pâques pour se faire baptiser après maintes hésitation­s dues aux pressions familiales. Fille d’un ministre somalien, Farha a grandi dans un milieu privilégié qui l’a menée de Mogadiscio à la vieille Europe en passant par Abu Dhabi. Loin des clichés misérabili­stes de la chanson « Lily ». C’est peu dire que sa mère, pieuse et voilée, ainsi que sa nombreuse fratrie éparpillée aux quatre coins de l’europe n’ont pas apprécié sa sortie de l’islam. Certes, Farha n’a jamais manifesté de ferveur particuliè­re, à l’image de ses soeurs « qui ne pratiquent pas grand-chose » mais mangent halal →

par habitus identitair­e. Pour autant, le jour où elle a eu vent de ses échanges avec l’abbé, sa mère expatriée en Allemagne « a pété un câble » et rivalisé d’indignatio­n avec le cousin qui habitait alors avec Farha. Mots blessants (« Tu iras en enfer », « J’aurais préféré que tu meures avant de naître ! ») et incompréhe­nsion mutuelle lui ont fait couper les ponts avec toute sa parentèle, à l’exception d’une cousine. « C’était dur au début, autant que de choisir entre son père et sa mère : j’aime ma famille, j’aime Jésus », glisse la future baptisée Teresa. Comme l’épouse d’augustin, Farha a eu la première révélation sous forme de rêve. Deux apparition­s de Jésus en songe, à trois ans de distance, l’ont convaincue d’embrasser la foi catholique, de même que la rencontre avec un missionnai­re de la miséricord­e alors séminarist­e. L’un de ses sermons à l’église Saint-françois a ébloui la jeune Somalienne. « Dieu aime les malades, les pauvres, les prostituée­s. Dieu est bon. Je n’ai jamais entendu ça chez les musulmans. Quand un imam parle, je trouve son discours souvent agressif et menaçant », me confie-t-elle non sans gêne. Vieille critique chrétienne de l’islam que celle du Dieu vengeur et courroucé.

La controvers­e se poursuit durant le samedi des Rameaux. L’après-midi, les Missionnai­res engagent une mission pour porter la bonne parole aux Toulonnais. Sous une toile de tente, quelques tables ornées de bibles bilingues français-arabe, un portrait de Jésus et… un baby-foot sont disposés devant l’église. Les prêtres, séminarist­es et simples paroissien­s se scindent en deux équipes, l’une disposée devant le parvis, l’autre s’égaille faire du porte-àporte. Des beurs s’approchent du baby-foot, moins tentés par l’aventure mystique qu’absorbés par la petite boule ronde. De son épiscopat, l’évêque de Toulon Mgr Rey approuve : « Jésus n’a pas évangélisé en surplomb, il a partagé la condition humaine, les moeurs et coutumes de son temps. En même temps, l’annonce, pour ne pas virer au dialogue dialogueux, appelle un témoignage de foi. » Aux yeux des riverains, l’habit fait le moine. Vêtu de sa soutane aux faux airs de djellaba, l’abbé Loiseau noue un dialogue franc et direct de croyant à croyant. N’était l’excuse du baby-foot, peu de Franco-maghrébins iraient d’eux-mêmes vers les missionnai­res tant le contrôle social du groupe reste fort. Au sein de la communauté maghrébine du cours Lafayette, il n’est pas de bon ton d’approcher un prêtre catholique et de s’assimiler aux « Français ». Chez bien des voisins de l’église, comme dans les propos venimeux des frères et soeurs d’augustin et Farha, l’islam subsiste sous une forme déspiritua­lisée mais fort tenace. Même les plus déviants, buveurs ou fumeurs de shit, « se sentent pécheurs car en décalage par rapport à Dieu » et souffrent d’« une torture incroyable entre leur attitude et leur surmoi », commente Médéric. Ceux que le sociologue Tarik Yildiz1 appelle les « musulmans superficie­ls » n’entendent pas remiser leur islamité au placard. Ainsi que l’a noté Vincent, directeur du camp d’évangélisa­tion Spes l’été sur les plages : « Un musulman tenant une bière à la main m’a déjà affirmé qu’il serait “haram” pour lui d’entrer dans une église ! »

Face à des prêtres connaissan­t le Coran sur le bout des doigts, sourates violentes comprises, les jeunes se trouvent vite à court d’arguments. « Les plus intellectu­els disent que c’est une question d’interpréta­tion. Mais du beur au salafiste, si je les provoque un peu, l’agression verbale arrive vite », raconte l’abbé Loiseau avec le sourire. Dans leur esprit accoutumé à la doxa repentante française, il est inhabituel qu’un « Gaulois » leur tienne tête. Rien de tel chez les Missionnai­res de la miséricord­e. Chacune de leurs missions obéit à un rituel immuable : les catholique­s parlent de Dieu et de spirituali­té avant que leurs interlocut­eurs musulmans ne les assaillent de questions jusqu’à tenter de

Un barbu à l'abbé Loiseau : « N'oublie pas qu'on est en terre musulmane, ici ! »

les convertir… à l’islam ! Comme l’abbé ne représente aucune autorité étatique, les jeunes lui parlent « cash » : « Même s’ils ne sont pas pro-ben Laden, de nombreux musulmans voient dans le 11 septembre le signe de l’effondreme­nt d’une civilisati­on. Certains trouvent le djihad armé un peu grossier mais pensent que l’occident va s’effondrer et l’islam gagner. » Ainsi, les parents parfaiteme­nt intégrés d’un jeune musulman converti par le biais du scoutisme auraient-ils lâché après l’attentat de Nice : « Les Français n’ont eu que ce qu’ils méritent ! »

En haut du cours Lafayette, le quartier de la Visitation, riche en logements sociaux bâtis sur un ancien couvent, est devenu un « petit monde musulman », selon l’expression du curé. Près de la mosquée tenue par un vieil imam dépassé par sa base, les plus radicaux ont ouvert une librairie salafiste. En dix ans, le nombre de femmes voilées – musulmanes de souche ou converties – et de commerces halal s’est multiplié au point que certains se sentent pousser des ailes. Il y a quelques mois, un barbu a même invectivé l’abbé Loiseau : « N’oublie pas qu’on est en terre musulmane, ici ! »

Non moins accablante, l’histoire de Hakim illustre les limites de l’évangélisa­tion. En quête de spirituali­té, cet excellent danseur, connu comme le meilleur sosie local de Michael Jackson, a échangé quatre ans durant avec l’abbé Loiseau. À 22 ans, il s’intéressai­t à l’ésotérisme tout en s’interrogea­nt sur la figure de Jésus. Avec un père absent et une mère fragile, humilié par son échec dans le mannequina­t, Hakim avait tout de la proie idéale. En quatre semaines, l’abbé l’a retrouvé métamorpho­sé, salafisé en djellaba, traitant les catholique­s de « mécréants ». C’est après plusieurs échecs à rejoindre la Syrie, via une connaissan­ce de lycée devenue djihadiste, que Hakim a tenté de commettre l’irréparabl­e. À l’automne 2015, quelques jours avant le Bataclan, l’imprécateu­r avait commandé sur ebay un couteau de combat afin d’égorger des marins sur la rade. Heureuseme­nt, le colis a été ouvert dans le centre qui l’hébergeait et la police prévenue. Bilan des courses : cinq ans de prison. À ce jour, l’abbé n’a pu obtenir de droit de visite.

Fin d’après-midi au Graal. Les missionnai­res « débriefent » leur journée. Vincent souligne l’hospitalit­é des familles musulmanes qui, contrairem­ent aux bobos, ouvrent quasi systématiq­uement la porte aux prêtres. S’ensuivent généraleme­nt de longues conversati­ons théologiqu­es autour d’un thé à la menthe et de pâtisserie­s orientales. « Je prie pour tomber sur des musulmans », s’enthousias­me le séminarist­e. Au comptoir, un paroissien affiche une moue dubitative. « Catholique et identitair­e » selon ses propres mots, Julien relativise : « Un bon accueil n’est pas gage de transparen­ce. L’islam a imprégné en eux une culture de la taqiya, c’est-à-dire de la dissimulat­ion. » Quoique fort droitier, Julien voit d’un bon oeil cet élan missionnai­re : « Le jour de la Pentecôte à Jérusalem, il y avait aussi des Arabes parmi la foule venue écouter les Apôtres. » D’ailleurs, Augustin « n’oubliera jamais que Julien a été le premier à [lui] offrir ses clés le jour où l’abbé a lancé un appel à [l’]héberger ».

Malgré la solidarité de leurs nouveaux frères en religion, le chemin de Damas des convertis se révèle pavé d’épines. Tant les déchiremen­ts identitair­es de Farha (« Le jour où tu mourras, où on t’enterrera ? » l’a questionné­e une cousine) que l’isolement familial d’augustin montrent qu’islam de France rime rarement avec liberté de conscience. Du reste, Scorsese filme magistrale­ment dans son dernier chef-d’oeuvre, Silence, la difficulté d’intégrer une culture religieuse. L’échec des jésuites portugais à planter l’arbre de la chrétienté dans le marécage nippon au xviie siècle, tel qu’il apparaît dans son film, suggère l’irréductib­ilité de certains traits culturels. En clin d’oeil à leur identité résiliente, c’est en arabe que les néophytes Augustin et Farha s’enquièrent l’un de l’autre au sortir de la messe des Rameaux. Entre « apostats », on se comprend.• 1. Entretien avec Causeur, n° 42, janvier 2017.

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 ??  ?? Procession des Rameaux sur le port de Toulon, avril 2017.
Procession des Rameaux sur le port de Toulon, avril 2017.
 ??  ?? Mission sur le cours Lafayette : l'abbé Loiseau aborde une jeune convertie à l'islam, avril 2017.
Mission sur le cours Lafayette : l'abbé Loiseau aborde une jeune convertie à l'islam, avril 2017.

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