«ON NE DEVIENT PAS MINISTRE EN TRAVAILLANT SES DOSSIERS.»
Charles de Courson, Député centriste depuis 1993, conseiller référendaire à la Cour des comptes.
Nous sommes trop peu à assumer le travail de fond parlementaire. La haute administration prend les commandes seulement parce que le politique les lui laisse. Dans l'histoire de la Ve République, aucun parlementaire n'a été sanctionné pour absentéisme*. Est-ce normal ? Travailler le fond des dossiers n'apporte pas d'avantage décisif en termes de déroulement de carrière. Gilles Carrez (député LR à la compétence unanimement reconnue en matière fiscale, ndlr) ne sera jamais ministre. On entre au gouvernement, aujourd'hui, en se plaçant dans le sillage d'un élu influent, quitte à en changer au besoin. C'est une question de sens tactique. De nombreux élus, qui ont réalisé l'intégralité de leur carrière dans le circuit politique, maîtrisent les jeux d'appareils. C'est le moteur de leur ascension. La contrepartie est une forme d'impuissance sur le fond. Devenus ministres, ils ne laissent aucune trace. Ils restent en poste deux ou trois ans. C'est très court, quand on part de zéro. Najat Vallaud-belkacem ne connaissait pas l'éducation en arrivant au ministère (où elle est restée d'août 2014 à mai 2017). Elle a juste eu le temps d'apprendre, en répétant ce que lui chuchotaient ses conseillers pardessus l'épaule. Aussi brillants soient-ils, ces derniers ne maîtrisent pas tout. Quand elle était à Bercy (2007-2011), Christine Lagarde a eu la lucidité de l'admettre. Elle a passé la main au moment de la réforme de la taxe professionnelle. Le texte concocté par le ministère était inapplicable dans sa version originale. Nous l'avons intégralement réécrit en commission des Finances. C'est un des amendements les plus longs de la Ve, plus de 80 pages. Du vrai travail parlementaire. * Les articles 159 et 15 des règlements de l'assemblée et du Sénat prévoient des retenues sur les indemnités en cas d'absences répétées.