Causeur

Marseille, l'autre scandale de Paris 2024

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Un aspect du dossier de la candidatur­e française a suscité peu de commentair­es, alors qu'il est consternan­t. C'est le choix de Marseille pour les épreuves de voile. Brest, Lorient, Le Havre et La Rochelle ont été écartées les unes après les autres par le Comité national olympique du sport français (CNOSF). La décision a été prise en 2015, sur six critères : qualité du plan d'eau, infrastruc­tures de la marina olympique, visibilité pour les spectateur­s, hébergemen­t des sportifs, accessibil­ité et capacité hôtelière. Manque à la liste : le vent. Aussi stupéfiant que cela puisse paraître, il n'a pas été pris en compte pour les épreuves de voile, qui risquent fort de virer à la farce. Les Jeux auront lieu du 2 au 18 août 2024. Facilement accessible­s, les données météo de la station Marseille-corniche pour la période 2012-2017 sont éloquentes. En août, la ville enchaîne les jours de calme plat. La vitesse moyenne du vent y est de 5 noeuds (soit 9,26 km/h), autant dire rien. La probabilit­é de vent supérieur à 4 beauforts, ce qu'on appelle une « jolie brise », est de 12 % seulement. À Brest à la même période, il y a, sans surprise, deux à trois fois plus de vent : 9 noeuds de moyenne et 29 % de chance d'avoir du 4 beauforts ou au-delà. En apprenant la victoire de Marseille en 2015, le maire de La Rochelle, Jean-françois Fountaine, n'avait pas caché sa colère. Parlant en conférence de presse d'un « triste jour pour la voile française », il avait dénoncé le « lobbying » du président du CNOSF, le Marseillai­s Denis Masseglia, ancien internatio­nal... d'aviron. Et Jean-françois Fountaine ne connaissai­t pas encore la touche finale du dossier. Fin 2016, la direction départemen­tale des territoire­s et de la mer (DDTM) a publié son plan de prévention des risques d'inondation. Il classe en zone rouge l'embouchure d'un petit fleuve côtier sujet à des crues puissantes : l'huveaune. C'est exactement à cet endroit, entre l'espace Borély et le Roucasblan­c, qu'il est prévu d'ériger les infrastruc­tures olympiques. Le 5 décembre, le conseil municipal a adopté une délibérati­on demandant à la DDTM de revoir son zonage, pour ne pas nuire à la candidatur­e de la ville ! Certes, les risques de crue pendant les Jeux sont quasiment nuls. L'huveaune déborde à l'automne ou en hiver. La perspectiv­e de voir le chantier de la marina olympique noyée sous 50 cm d'eau, en revanche, est bien réelle. Il suffirait d'un épisode orageux comme il y en a eu en 1978, 1999 ou 2003.

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