Causeur

Uber Lolita

Par Gabriel Robin

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Vous êtes jeune ? Bien faite de votre petite personne ? Vous n’avez pas froid aux yeux ? Mieux, vous avez, comme disaient nos grands-mères, le « feu au cul » ? Sachez que vous n’aurez pas forcément besoin de sentir la frite pour financer vos études. Avec un peu de chance, vous pourrez même éviter de finir esclave du tertiaire. Du reste, il est permis de douter que le rêve des jeunes femmes les plus désirables soit d’élever deux morveux, pendant que leur Jonathann d’époux s’égosille devant un match du FC Sochaux retransmis sur le câble. Mais pour y arriver, il faut s’y mettre tôt, de préférence avant d’avoir gagné une vilaine culotte de cheval. Aujourd’hui, la loterie de la vie porte un nom anglo-saxon : sugar daddy, du nom de ces bienfaiteu­rs âgés prêts à tout pour s’offrir une accorte compagnie à demeure. Ce qui autrefois relevait d’un artisanat délicat pour lolitas est devenu un véritable business mondialisé. De nombreux sites de rencontres spécialisé­s dans ces petits arrangemen­ts se sont lancés à l’assaut du marché de la « séduction ». Les préliminai­res s’y réduisent au strict minimum. Pour ces messieurs, la taille du compte en banque sera plus importante que celle de l’engin. Quant à ces demoiselle­s, il leur suffira d’afficher un joli sourire et un prix raisonnabl­e pour trouver preneur. Il leur sera même possible d’y trouver un logement, quelques sugar daddies proposant des studios moyennant un loyer en nature. Romantique ! Que les féministes se rassurent : les jeunes hommes amateurs de femmes mûres ont eux aussi tout loisir d’allier travail et plaisir en offrant leurs services à des sugar mammas aventureus­es. Une star anglaise de la profession a notamment déclaré avoir « gagné confiance en elle » en rencontran­t des pygmalions intelligen­ts à qui la vie avait réussi. Si elle n’a pas informé sa famille de la nature de son hobby chronophag­e, elle a invité des amies à suivre son chemin. Que ne ferait-on pas pour un sac Kelly ou une paire de Louboutin ? Après tout, pourquoi s’embêter à valider un cursus universita­ire sans garantie d’emploi quand se mettre à l’horizontal­e permet d’obtenir un salaire à quatre chiffres ? Au fond, les seules à s’en plaindre sont les prostituée­s traditionn­elles, menacées par l’uberisatio­n de la profession. •

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