Causeur

Les âmes mortes du Donbass

- Par Lucien Ehrard

Depuis son déclenchem­ent au printemps 2014, la guerre dans l’est de l’ukraine (Donbass) n’en finit plus. Signés en pure perte par Kiev et Moscou, les protocoles de Minsk I et II n’ont guère pacifié cette zone grise partagée entre pouvoir ukrainien et petites république­s séparatist­es prorusses. Et la guerre de l’informatio­n fait rage. D’après L’ONU, les hostilités auraient emporté 2 725 civils en quatre ans. L’ukraine revendique 3 784 soldats tombés au champ d’honneur, mais aussi 8 500 blessés et 554 vétérans suicidés après leur démobilisa­tion. Côté séparatist­e, on évalue entre 3 800 et 4 800 le nombre de pertes, sur un total de 33 500 partisans armés.

Si un point fait consensus entre les parties, c’est la violation des 13 clauses du protocole de Minsk II (février 2015). Piétiné sitôt signé, le cessez-le-feu n’a pas permis d’échanges réguliers de prisonnier­s ni même interrompu l’emploi des armes lourdes. Sur le plan politique, le processus de paix est au point mort : l’ukraine n’a pas recouvré le contrôle de ses frontières tandis que les condottier­es de l’est, toujours appuyés par des milliers de volontaire­s russes, n’ont obtenu ni l’amnistie ni l’autonomie qu’ils réclamaien­t.

Signe des temps, les autorités de Kiev ont récemment changé de rhétorique. La lutte qu’elles livrent à Vladimir Poutine à travers ses pantins ne s’embarrasse plus d’euphémisme. C’est désormais sous la conduite de l’état-major et du président de la République Petro Perochenko que se mène cette guerre qui ne craint plus de dire son nom ni de nommer son ennemi (russe). Malgré son statut de commandeur des armées, l’oligarque « roi du chocolat » culmine à 8 % de popularité et retournera vraisembla­blement à ses confiserie­s après l’élection présidenti­elle de mars 2019. En Ukraine, les âmes mortes se ramassent à la pelle, les souvenirs et les regrets aussi. •

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