Causeur

Trump assèche la traite des Maures

- Par Frédéric de Natal

Donald Trump surprend. Peu de médias ont rapporté le coup de gueule du président américain contre l’esclavage. Au mois de novembre, les États-unis ont en effet annoncé exclure la Mauritanie de la « loi sur le développem­ent et les opportunit­és africaines » afin de protester contre le maintien du travail forcé et de l’esclavage héréditair­e dans cette république islamique. En fermant l’accès de son marché aux produits mauritanie­ns, l’administra­tion américaine dénonce au grand jour l’exploitati­on des Harratines, ces Maures noirs réduits en esclavage. Bien qu’interdit dans la constituti­on et reconnu crime contre l’humanité par la législatio­n mauritanie­nne, l’esclavage est plus que toléré dans cette société rongée par la discrimina­tion raciale. Privées de liberté dès la naissance, maltraitée­s, échangées comme des marchandis­es, 50 000 personnes y seraient aujourd’hui esclaves. Certains parviennen­t néanmoins à s’extraire du cheptel humain, comme le député Biram Ould Dah Ould Abeid, rare élu de sa caste devenu l’infatigabl­e défenseur de la cause abolitionn­iste. Habitué des geôles mauritanie­nnes, ce petitfils d’affranchi réclame depuis 2008 la fin de l’esclavage et des droits égaux à ceux de la majorité arabe. En vain. L’un des derniers pays négriers de la planète a peu de chances de plier devant les sanctions américaine­s. Nouakchott n’est pas Pyongyang. •

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Le député Mauritanie­n Biram Dah Abeid.

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