Le syndrome du composteur
La commune de Chatou fait assez peu parler d’elle. La vie y est douce, le climat clément et les pavillons confortables. C’est d’ailleurs là qu’avait choisi d’habiter Pierre Desproges. Qui aurait pu imaginer que cette paisible ville des Yvelines serait le théâtre d’une révolution esthétique qui allait durablement réinventer l’art engagé, et même l’art tout court ?
La représentation de la pièce de théâtre Le Mystère de l’or brun, sur le thème du compostage, a favorisé une explosion d’audace. La comédienne Béatrice Bergeot, directrice de la compagnie Harmonie Théâtre, explique sans coup férir au Parisien qu’elle est « extrêmement sensible à tout ce qui touche au développement durable ». Tremble Monsanto ! Au centre de ce spectacle d’avant-garde, on trouve un composteur – dispositif accélérant la dégradation de matières organiques pour obtenir du terreau. C’est par le saint pouvoir des composteurs que le petit héros de la pièce habitant une planète morte trouvera finalement son salut. L’oeuvre, assurée d’entrer au répertoire des plus grandes troupes mondiales, est née de la rencontre entre la comédienne et la responsable du pôle prévention et communication de la Communauté d’agglomération Saint-germain-boucles de Seine à laquelle Chatou appartient. Certaines rencontres sont marquées par le sceau de la malédiction. La femme de théâtre, qui vise un public scolaire, entend ainsi contribuer à la « formation des citoyens de demain ». Vous voilà prévenus, l’art engagé peut surgir absolument partout, d’une poubelle, d’un composteur, d’une bouche d’égout. Soyez prudents ! •