Emmanuel, le risque et la rente…
Il est difficile de proposer impromptu des diminutions significatives d’impôts pour les uns, impliquant des augmentations pour les autres. Il faut argumenter, justifier. Le mieux, en réalité, est de faire en amont un véritable travail sur les « valeurs », un travail parfois très long, mais qui seul peut conférer une sorte de légitimité. C’est ce qu’a essayé de faire Emmanuel Macron durant sa campagne présidentielle en opposant le « risque » et la « rente ». C’est ce qu’il ne cesse de faire depuis. Il est vrai que cette opposition fonctionne bien et les gens, lors de ses meetings, applaudissaient à tout rompre. Personne n’imaginait se retrouver un jour du côté de la « rente ». Le danger avec les valeurs, c’est qu’elles sont en général aussi belles que floues. C’est lorsque la nébuleuse verbale se condense en mesures concrètes, lorsque l’on découvre l’ampleur des taxations et des exonérations, qu’on voit ce que cela donne. Le « risque », c’est tout simplement le monde des entreprises et du capitalisme financier. La « rente », ce sont, en gros, les particuliers, ceux qui bénéficient d’avantages jugés archaïques, ceux qui essayent de sécuriser leur vie, ceux qui (quand ils le peuvent) font des économies et des placements simples, ceux, enfin, qui rêvent de choses basiques comme posséder leur maison et aider leurs enfants.
Les transferts de charge du « risque » à la « rente » sont déjà bien avancés. Avec cette affaire de « gilets jaunes », il y a un imprévu. Les « caves » se rebiffent. Il va falloir mettre un bémol.