Issoudun, capitale du crime ?
« À Issoudun, une femme seule peut avoir peur partout », s’alarme Hada Bouzid, 60 ans dont vingt-huit de bénévolat au sein du dojo municipal. Membre de la majorité municipale, cette instructrice en arts martiaux naguère témoin d’un viol dispense des cours d’autodéfense féminine. De son propre aveu, sans égaler le niveau stupéfiant du Bronx, Issoudun se trouve au coeur des trafics de drogue (shit, cocaïne, crack, amphétamines) entre Bourges et Châteauroux. Criminogène, la consommation de stupéfiants et d’alcool à haute dose favorise les violences conjugales dans tous les milieux, y compris blancs et bourgeois. C’est sans langue de bois aucune que Hada décrit l’enchaînement des incivilités : une vingtaine de voitures incendiées en ville au printemps, des tirs au domicile du maire fin mai, enfin l’été dernier, cette expédition punitive à la carabine commandée par « des petits merdeux dealers », qui a touché par erreur deux jeunes Réunionnais. Des explosions de violence sporadiques que le maire aimerait étouffer. Officiellement, il n’y a ni insécurité ni pauvreté à Issoudun, qui boude les Restos du coeur, mais a ouvert ses portes à la Banque alimentaire. Quant aux quelques migrants de la commune, ils alimentent un vote frontiste en pleine expansion (13 % aux dernières législatives), à l’instar de la mosquée sans minaret inaugurée en 2016. Hada, fille d’immigrés algériens « francisés », se désespère de la désintégration en marche : « Des gamines nées ici dont les parents sont arrivés après la guerre d’algérie se marient puis mettent le voile du jour au lendemain. » Pas de doute, Issoudun est bien au Centre de la France. •