Causeur

Touche pas à ma pub !

- Par François-xavier Ajavon

Il y a plusieurs races de publicité à la télévision. Celle qui avance à visage découvert en de longs tunnels. Plus subliminal, le placement de produit gagne du terrain. Le principe en est simple : l’annonceur paie pour voir apparaître son produit ou sa marque dans une fiction diffusée à la télévision. Ici, le téléspecta­teur n’est averti de rien. Il voit simplement le héros de son feuilleton favori adopter un 4x4, ou telle héroïne de feuilleton pour ados parler longuement de tel produit cosmétique sans que cela soit toujours clairement rattaché à l’intrigue. Même si la ficelle est grosse, l’identifica­tion du téléspecta­teur avec ses personnage­s favoris joue tant et si bien sur l’inconscien­t qu’il lui associe les valeurs positives du produit vanté. Depuis une dizaine d’années, les chaînes de télévision françaises peuvent facturer officielle­ment cette prestation. TF1 a annoncé récemment pouvoir aller encore plus loin en vendant à ses annonceurs le placement de produit en postsynchr­onisation. Logos et produits seront désormais intégrés à la fiction par un effet numérique inséré après le tournage et le montage du téléfilm. En partenaria­t avec la start-up britanniqu­e Mirriad, la chaîne du groupe Bouygues propose même d’analyser le film afin de trouver les endroits où pourrait avantageus­ement apparaître un placement de produit. Ici, un coin de table idéal pour incruster une bouteille au gré des rediffusio­ns. Là, un pan de mur où pourrait apparaître une affiche. Cela ouvre de bien sombres perspectiv­es pour la fiction, dont le réalisateu­r se verrait définitive­ment dépossédé de son oeuvre. La Traversée de Paris parrainée par Birkenstoc­k, ça promet ! •

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