Les jérémiades de Peter Pan

Tout coupable est un malade qui s’ignore. Dans notre société victimaire, si on se fait prendre, mieux vaut assurer ses arrières en s’inventant une pathologie psychiatrique. C’est ce qu’a tenté de faire Jérémy, 39 ans, qui comparaissait devant le tribunal correctionnel de Montpellier fin octobre pour vol, détention de stupéfiants, mise à sac d’un appartement et coups portés sur sa petite amie Sylvie, qu’il a frappée une première fois quand elle lui a annoncé son intention de le quitter, avant de débarquer en pleine nuit dans l’appartement, saoul et hors de lui. La Gazette de Montpellier cite le juge : « [Sylvie] a eu tellement peur qu’elle a pris le risque de faire passer sa fille de huit ans par le balcon pour la mettre en sécurité chez le voisin ! » Plutôt que de nier les faits, Jérémy s’invente une première circonstance atténuante : l’alcool ! « Je l’ai jamais tapée à jeun. C’est pas compliqué, quand je ne bois pas, je suis un ange, quand je bois, je suis un démon. » Peinant à convaincre son public, l’ange démoniaque ajoute : « J’ai toujours dit qu’à 40 ans, j’arrêterais les conneries. Heureusement je les aurais très bientôt. Je vais vous dire la vérité : j’ai le syndrome de Peter Pan. Vous savez : celui qui ne veut pas vieillir. » Devant tant de toupet, le juge ironise : « Mais je n’ai jamais lu que Peter Pan frappait sa femme ! » Le grand costaud multirécidiviste n’a pas davantage ému le procureur, aux réquisitions pleines d’ironie : « J’ignore si monsieur est Peter Pan, mais si c’est le cas, je plains la fée Clochette. Qu’il aille en prison y grandir tranquillement ! » Jérémy écope de quatre ans ferme. On ignore si un divan sera mis à sa disposition en cellule. •