Causeur

Vague de sexisme

- Par Erwan Seznec

Les Jeux olympiques de Paris 2024 sont encore loin, mais ils tiennent leur première polémique. Le 12 décembre, le comité d’organisati­on des JO a sélectionn­é pour les épreuves de surf l’île de Tahiti, qui propose le site de Teahupoo. Mythique dans le milieu, sa vague est considérée comme une des plus puissantes des océans. À tel point qu’en 2006, la World Surf League l’a retirée du circuit féminin annuel, la jugeant trop périlleuse. La décision a provoqué une controvers­e qui dépasse largement les frontières du surf. Spot pour dames ou non ? « On peut placer les filles à un moment de la journée où les vagues sont moins puissantes », a immédiatem­ent précisé le président de la fédération tahitienne de surf, Lionel Teihotu, en apprenant que le dossier tahitien était retenu. La puissance d’une vague varie en effet de un à cent.

Que se passera-t-il si la vague de Teahupoo se déchaîne un jour de compétitio­n ? Faudra-t-il envoyer les surfeuses au casse-pipe pour lever tout soupçon de sexisme ? Teahupoo est ce qu’on appelle une vague de « reef », c’est-à-dire de récif. Elle se brise sur du corail tranchant, et non du sable. La première femme à l’avoir bravée est Keala Kennelly. C’était en 2005. En septembre 2011, elle a failli mourir au même endroit. Son visage portera à jamais les cicatrices de l’accident.

Dans tous les sports de force, d’endurance et de vitesse, un écart gigantesqu­e sépare les hommes et les femmes. Si le Comité internatio­nal olympique veut nier l’évidence, il ne lui reste plus qu’à suivre la vague. •

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