Causeur

Le sang du pauvre

- Par Sophie Bachat « Nous avons récolté plus de deux millions de préservati­fs et ainsi aidé à stopper la propagatio­n du VIH. » On attend sa prochaine idée géniale capable de sauver l’humanité. SOS Pangolins ? •

Sorte de Jésus inversé, un jeune « startuper » australien change le vin en eau. Loin d’être illuminé, Dustin Leonard sait parfaiteme­nt ce qu’il fait : « Pour chaque bouteille vendue, nous fournisson­s un an d’eau potable à un habitant d’un pays en voie de développem­ent », explique-t-il au Daily Telegraph. Charity business is good business, comme on dit en bon français. En quelques mois, son entreprise de vente de vins sur internet, Little Ripples (« petites ondulation­s ») a construit quatre puits en Ouganda. Histoire de cocher toutes les bonnes cases, Dustin Leonard a noué un partenaria­t avec la Bridgit Water Foundation, une associatio­n féministo-caritative qui oeuvre pour le bien-être des femmes dans les pays du tiers-monde. « C’est le rôle des femmes et des enfants d’aller chercher l’eau dans ces pays. Ils doivent souvent marcher jusqu’à dix kilomètres pour prendre de l’eau non potable d’un étang, leur fournir des puits permettrai­t à plus d’enfants, notamment aux filles, d’aller à l’école », dixit le trentenair­e. Soignant son image commercial­e, Leonard a impliqué la France, vrai pays du vin, dans son juteux négoce, en s’associant avec le vigneron Alex Cassegrain, dont la famille produit le précieux breuvage depuis 1600. Pour écumer en toute bonne conscience, il nous est désormais loisible de commander en ligne un cabernet ou un chardonnay qui aidera l’afrique. Ce petit malin de Dustin n’en est pas à son coup d’essai. Encore étudiant, il avait expériment­é le « charity business » à travers la société Hero Condoms : pour un préservati­f acheté, un autre était distribué en Afrique, où le sida n’en finit pas de sévir. Et le startuper de se vanter :

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