Tragédie made in Normandy
Itinérance, association humanitaire d’aide aux migrants de Cherbourg, est en deuil. Le 12 mai dernier, son président Jean Dussine était tué à son domicile de Bretteville-en-saire. L’assassin, indique le parquet, est « un jeune homme de nationalité afghane, âgé de 21 ans, qui réside en région parisienne ». L’homme a reconnu « être l’auteur de plusieurs coups donnés avec une barre de fer. » Selon le procureur de la République, « les motivations de son acte restent floues. Hébergé il y a quelques mois chez la victime, il a exclu le mobile crapuleux et fait état d’une vengeance dont la cause reste à élucider ».
Jean Dussine ne méritait pas une telle fin. Avec le concours de l’évêché et de la municipalité, il mettait ponctuellement à disposition des lieux d’hébergement temporaire pour les réfugiés. À l’annonce de sa mort, le sénateur (LR) et ancien président du conseil général de la Manche, Philippe Bas, s’est dit « bouleversé », saluant la mémoire d’un homme « dont la générosité était connue de tous et force l’admiration ». Ces mots, plutôt sages et mesurés, n’ont pas inspiré toute la classe politique locale. Un tweet, supprimé depuis, de la responsable locale du Rassemblement national a en effet ironisé sur « l’arroseur arrosé ». « Infâmes charognards », lui a répondu le jour même le maire délégué (PS) de la ville de Cherbourg, Sébastien Fagnen. Le MRAP local entend de son côté porter plainte contre les propos outranciers d’un internaute se réjouissant du drame. Plutôt que d’échanges d’injures ou de noms d’oiseaux, c’est d’investigations et d’informations dont le public aurait besoin. La détermination, peut-être préméditée du meurtrier, venu de région parisienne pour tuer son ancien bienfaiteur, étonne et interroge. En attendant l’enquête et le procès, les grands médias ont été plutôt discrets sur ce fait divers – de peur qu’il devienne politique ? •