Chasses Internationales

Le grand entretien Ariane Nicolas

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Descartes, Kant, Levinas, Rawls… dans son premier essai, Ariane Nicolas convoque les plus grands penseurs et passe au peigne fin la genèse, le mode de fonctionne­ment et l’argumentai­re d’un mouvement qui envahit toutes les strates de la société et s’illustre par ses opérations coups de poing, plus de mille en 2019 : tags, dégradatio­ns de matériel agricole, agressions de commerçant­s et incitation­s à la violence. À l’inertie politique et médiatique déconnecté­e des réalités, elle préfère le parti de la réflexion face à la haine et au terrorisme intellectu­el de l’antispécis­me.

Quel est votre rapport à l’animal ?

Je viens du Sud-ouest. J’ai grandi en périphérie de Périgueux où j’étais entourée d’animaux, jusqu’à ce que je gagne Paris pour mes études. J’avais un rapport affectif avec les animaux de compagnie. Mais aussi de loisirs et de responsabi­lité parce que je suis cavalière. La relation que j’entretiens avec le cheval est très particuliè­re. Il n’y a pas de rapport de dominant à dominé. Au contraire, une interactio­n se crée avec la bête. Le cheval est le paradigme qui me permet de réfléchir à la manière dont les humains doivent se comporter avec les animaux. On ne peut pas demander à l’animal d’être plusieurs choses à la fois dans son lien avec l’être humain, c’est pourquoi je considère que l’on ne peut être un animal domestique et, en même temps, un animal de boucherie. Quand je vivais à la campagne, j’étais entourée de gens qui chassaient. J’ai d’ailleurs suivi une chasse à courre, une fois. Je peux donc comprendre ce que la chasse représente en termes de socialisat­ion, de tradition, de rapport à la nature et aux animaux. Aujourd’hui, nous sommes 80-85 % d’urbains, nous avons oublié ce que signifie de vivre avec des animaux. Quand je retourne en Dordogne ou en Creuse, je discute avec des agriculteu­rs, aujourd’hui extrêmemen­t mal perçus par les médias. Ils n’ont pas perdu le contact avec la terre, la nature, les bêtes. Je suis omnivore et mange donc de la viande.

Comment êtes-vous venue à écrire ce livre ?

J’ai été séduite il y a dix ans par le Silence des bêtes d’élisabeth de Fontenay, qui montre comment la philosophi­e a abordé l’animalité. Elle est dans une défense des animaux plus engagée que moi, même si je me reconnais dans l’importance qu’elle accorde à la cause animale. J’ai poursuivi mes lectures sur le sujet. Et puis j’ai remarqué que, dans mon quartier, les choses changeaien­t. Les bouchers étaient obligés de se justifier d’être bouchers. Des pâtisserie­s végans ont commencé à s’implanter. Le livre Antispécis­te d’aymeric Caron a constitué une étape supplément­aire dans la normalisat­ion d’un discours que je trouve très excessif et assez illégitime dans ses arguments. Et le jour où quelqu’un m’a accusée d’être “spéciste”, j’ai estimé que ce reproche était scandaleux car je pense que le spécisme est une discrimina­tion imaginaire, contrairem­ent au racisme et au sexisme.

En quelques mots, comment est né l’antispécis­me ?

Pendant la Seconde Guerre mondiale, une société végétarien­ne britanniqu­e s’est radicalisé­e. Elle a inventé le terme vegan, contractio­n de vegetarian­ism. Ce sont des végétarien­s qui pensent qu’ils ne sont pas encore assez bienveilla­nts envers les animaux. Ils veulent rompre tous liens avec eux et cessent donc de consommer des oeufs, du miel, de la crème… En 1975, Peter Singer conceptual­ise cette approche avec la Libération animale. Depuis, dans les université­s, monte une réflexion sur l’éthique animale avec des chercheurs favorables à une prise

en considérat­ion plus importante du bien-être animal, de la conscience animale, de l’animal comme sujet ou comme personne. Ce mouvement commence à être institutio­nnalisé, avec des animals studies, sur le modèle des gender studies qui viennent des États-unis.

Vous identifiez trois modèles antispécis­tes…

Le modèle de Peter Singer considère qu’il n’y a plus d’interconne­xion possible avec les animaux, qu’il faut les laisser vivre, qu’il ne peut plus y avoir d’exploitati­on des animaux, qu’on ne peut plus les manger. La vie animale doit être respectée. Le deuxième mouvement prône une scission totale entre les animaux et les humains ainsi que la disparitio­n des animaux domestique­s. Ces derniers sont accusés d’avoir été trop influencés aux contacts avec les humains depuis 10 000 ans, ils ne seraient donc pas de “vrais animaux”. C’est le mouvement extinction­niste. Et, enfin, existe un troisième mouvement, incarné par Sue Donaldson et Will Kymlicka qui ont écrit Zoopolis. Il s’agit d’intégrer les animaux à la sphère politique grâce à la notion de citoyennet­é. L’idée serait d’accorder un statut à chaque type d’espèces. C’est le projet politique antispécis­te le plus abouti aujourd’hui. Le Robert a fait entrer le spécisme en 2017, le Larousse en 2019, ils le définissen­t comme une idéologie, et l’antispécis­me comme une vision ? C’est le monde à l’envers ?

En philosophi­e, définir les termes est à la base de tout. Quand on définit un concept, l’objectif est d’affiner, de le saisir dans sa complexité et dans son origine. Le mot “spécisme” a été inventé par des idéologues qui ont voulu faire croire que ce mot correspond à une réalité quelconque. Les lexicograp­hes sont mal informés, d’autant que les voix qui s’élèvent contre les antispécis­tes sont finalement assez rares. La documentat­ion sur l’antispécis­me est excessivem­ent en leur faveur, extrêmemen­t tolérante. Le Robert et le Larousse se sont laissé prendre au piège car il y a aujourd’hui une très forte sensibilit­é à la souffrance animale, qui n’est pas seulement le fait de l’antispécis­me. La société devient très préoccupée par les questions d’élevage intensif, de bien-être et de souffrance animale dans certains types d’élevage ou certains types de chasse, ce que je comprends tout à fait. Il y a une sorte de milieu ambiant intellectu­el favorable à l’antispécis­me. Le manque d’informatio­n cache le projet violent qu’il défend et laisse croire que les militants sont modérés. Ces dernières années, ils ont pourtant mené des actions physiques violentes. Leur cheval de Troie, très médiatique, est L214, qui est une associatio­n dont je respecte le combat sur la question de la souffrance animale et contre l’élevage intensif mais qui a des ambitions à long terme moins conciliant­es. Tactiqueme­nt, elle se positionne comme welfariste, c’est-à-dire réformiste. Elle se distingue de 30 millions d’amis ou de la Fondation Brigitte Bardot. Sa radicalité est totale. Autour de moi, tout cela passionne les gens. Les articles sur les animaux sont parmi les plus relayés. Je suis très surprise par le manque de prise en compte par le politique. Peut-être parce que les lobbies à l’assemblée font écran mais aussi parce que les politiques ne comprennen­t pas, minimisent le mouvement, ils sont en retard. Les antispécis­tes ont saisi qu’ils parviendra­ient à leurs fins non en passant par les dirigeants mais par les consommate­urs et les électeurs directemen­t. Le radicalism­e antispécis­te a gagné son combat dans les grandes entreprise­s, chez les urbains très connectés, très Silicon Valley dans l’esprit… Une forme d’impuissanc­e, d’exaspérati­on, un sentiment de panique, la conscience de la mainmise des humains sur l’environnem­ent sont un terreau fertile à la conversion à l’antispécis­me. L’antispécis­me est une forme d’anthropomo­rphisme. Vouloir comparer l’animal à l’homme n’est-ce pas aliéné son état ? Ne faut-il pas préserver le mystère animal, la chasse intègre cette notion?

Les antispécis­tes veulent que tous les animaux redevienne­nt, à terme, des animaux sauvages. Leur concept, très discutable, de “sentience”, c’est-à-dire de sensibilit­é animale qui serait combinée à une forme de conscience, justifiera­it qu’on les laisse absolument tranquille­s. Les neuroscien­ces essaient depuis quelques années – l’éthologie avait déjà été sur la voie – de résoudre ce mystère de la conscience animale. Il ne faut pas s’en tenir qu’à la science parce qu’elle a un type de regard forcément limité sur le vivant. Je pense que la phénoménol­ogie, en philosophi­e, montre à quel point il est impossible de se mettre à leur place. La conscience animale ne peut énoncer comment elle s’éprouve elle-même, elle nous reste absolument inaccessib­le. Un penseur, qui

est très mal vu sur la question animale, Descartes, pose quelque chose de très simple qui est totalement d’actualité : « Les humains pensent, les animaux ne pensent pas. » Si les animaux avaient des pensées, ils nous les communique­raient. Les quelques animaux qui ont des intelligen­ces exceptionn­elles comme les poulpes, les corbeaux, les éléphants, les chevaux, les chiens… sont des espèces isolées. Les antispécis­tes projettent sur les animaux sensibles des considérat­ions sur l’âme, la réflexivit­é, la pensée, l’intentionn­alité, la symbolique qui sont pourtant le propre de l’humain. Seul Sapiens a une représenta­tion de lui-même et du monde qui l’entoure. Les passerelle­s sont complèteme­nt abusives. Les êtres humains ne répondent pas du tout aux mêmes lois de l’intelligen­ce. Peut-être à l’exception des grands singes, notamment les chimpanzés et les bonobos qui sont nos plus proches cousins. Ils ont des comporteme­nts sociaux, de communicat­ion assez confondant­s. L’antispécis­me est-il moins un élargissem­ent de la sphère de la compassion humaine que le symptôme d’une haine du genre humain déguisé en amour des animaux ?

Il existe une ambiguïté. À la base, il y a le sentiment très anthropoce­ntré que l’espèce humaine est absolument à part et plus élevée moralement. Ils sont donc d’accord avec l’humanisme des Lumières. Ce qui est dangereux, c’est qu’ils peinent à intégrer l’ambivalenc­e des humains, telle que la décrit Rousseau dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes. La “perfectibi­lité” est cette caractéris­tique qui permet aux humains de s’élever moralement au-dessus de la bête mais aussi de retomber plus bas qu’elle. L’imperfecti­on de l’être humain est fondamenta­lement propre à notre espèce. Les antispécis­tes n’acceptent des humains que des comporteme­nts qui seraient idéaux, parfaits, d’une exemplarit­é absolue. Et ils sont en permanence déçus dès qu’il y a quelque chose vis-à-vis de l’animalité qui se détourne de ce qu’ils considèren­t être la perfection humaine. C’est une mauvaise appréhensi­on de ce qu’est un être humain. Seuls les idéologues les plus extrêmes sont persuadés que l’être humain peut devenir une espèce de totalité qui pourrait –et devrait– se conformer à un style de vie unique. L’antispécis­me évacue par ailleurs la question psychanaly­tique, comme si les pulsions de vie et de mort ne faisaient pas partie de notre nature, ou que les maîtriser était un jeu d’enfant. Alors que nous sommes mus par des désirs contradict­oires et que notre psyché est d’une grande complexité. Hannah Arendt définit l’idéologie comme « la logique d’une idée ». Chez les antispécis­tes, cette idée toute-puissante est le refus de la souffrance. Sauf que c’est une exigence illégitime et même dangereuse. Ils sont aveuglés par leur propre idéologie. Parlons des droits des animaux…

Les animaux doivent avoir certains droits, mais adaptés à leur place dans notre société. Cela n’a aucun sens de leur accorder des droits sur le modèle des droits humains, parce qu’ils ne sont pas intégrés à la sphère politique de la même manière que nous. Ce ne sont pas des personnes. Ils restent en dehors du contrat social, en dehors de la Constituti­on. Ils méritent notre attention, mais pas notre obéissance sans partage.

Cette souffrance animale, la violence à laquelle l’antispécis­me s’attaque, ce qui est perçu comme de la cruauté est aussi le propre de la nature ? Un prédateur tue.

Que feront les antispécis­tes du loup, du lion, du requin… ?

Ce débat intervient chez les antispécis­tes relativeme­nt à la marge. Leur priorité, ce sont les animaux d’élevage. Il y a deux écoles. Peter Singer laisse les animaux évoluer dans leurs milieux naturels et les laisse faire ce qu’ils veulent. La seconde école est incarnée par le courant Reducing Wild-animal Suffering, qui plaide pour la disparitio­n des espèces animales dont l’existence comportera­it trop de douleurs. Ce mouvement montre qu’il y a une forme d’hégémonie de l’intellect chez ces antispécis­tes-là. Ils veulent devenir des gendarmes du monde animalier, de grands ordonnateu­rs qui entendent détenir le droit de vie et de mort. Nous sommes dans la mégalomani­e la plus totale. Quant au rapport que nous entretenon­s avec les prédateurs, il faut accepter, à la marge, que les loups, les tigres, les requins, les ours… puissent mettre en danger des vies humaines. S’ils sont en train de disparaîtr­e, c’est à cause d’un refus total de notre vulnérabil­ité face à eux. Pourquoi chasser les requins de la Réunion au prétexte que l’on ne pourrait pas se baigner quelques jours par an, et alors qu’ils sont en voie d’extinction? Il y a suffisamme­nt de lagons qui nous protègent de leurs attaques. Depuis une trentaine d’années, nous sommes dans un refus de la mort, d’où qu’elle vienne. Philippe Ariès, dans l’homme devant la mort, offre une plongée dans l’inconscien­t collectif autour de ce sujet devenu tabou et explique bien tout cela. Pour conclure, nous sommes dans un rapport d’hostilité avec les grands prédateurs, nous devons accepter de faire un minimum partie de cette chaîne alimentair­e.

Vous citez la philosophe Florence Burgat qui soutient que comme certaines espèces d’hominidés n’étaient pas omnivores cela prouverait qu’il est possible de ne pas l’être. Pourtant nous sommes dotés de canines pour déchirer la viande.

Rien ne serait donc naturel tout serait culturel ?

Bien sûr que les canines des loups, des lions, des tigres déchiquett­ent, mais il est possible qu’elles existent aussi afin de faire peur à leurs rivaux. Plus encore que les canines, c’est la structure de nos intes

tins qui indique que nous sommes des omnivores. Les paléoanthr­opologues, comme Jean-jacques Hublin, le démontrent. Nous nous sommes nourris de graisse animale, moins de chair, afin de gagner en énergie dont le cerveau avait besoin en se développan­t. Les intestins sont, avec le cerveau, des organes qui trahissent quel type d’êtres nous sommes. Nous sommes humains parce que nous avons mangé de la viande. C’est du déni pur que de le contester. Nous pourrions décider de ne plus en consommer puisque nous avons suffisamme­nt évolué physiqueme­nt. On ne meurt pas d’un régime végétarien ou même végane puisqu’il existe des substituts à la vitamine B12. La question peut être posée politiquem­ent aujourd’hui mais pas en des termes biologique­s, de phylogenès­e ou d’évolutionn­isme darwinien.

Les antispécis­tes comparent les abattoirs à l’univers concentrat­ionnaire de la Shoah.

Sommes-nous tous des nazis qui s’ignorent ?

C’est une question qui mérite d’être posée. Y a-t-il une part de bourreau en nous ? Il est illusoire de penser que nous sommes définitive­ment sortis d’un système traversé par la violence. Nous ne sommes pas des nazis parce que nous mangeons de la viande pour autant. Les éleveurs ne sont pas des tortionnai­res. La persistanc­e dans les discours des antispécis­tes aux allusions à la Shoah est une réduction du débat, le point Godwin, une façon de comparer l’incomparab­le. C’est une nouvelle fois une distorsion du langage. C’est regrettabl­e pour les victimes de la Shoah, ou de l’esclavage, puisque les antispécis­tes y font référence aussi. La philosophe Corine Pelluchon se réfère à Emmanuel Levinas, qui a connu l’univers concentrat­ionnaire, pour montrer qu’on ne peut haïr un animal. La haine est un renverseme­nt d’un affect de solidarité d’espèce, de fraternité et elle est la rupture du contrat de base entre les humains. On ne peut avoir de la détestatio­n contre un arbre, un nuage ou une montagne ! Idem avec l’animal. L’altérité est telle que nous pouvons réprouver, avoir peur, préférer un tel ou un tel, mais pas haïr… Le terme de “meurtre” utilisé par les antispécis­tes est donc impropre. Il n’y a pas de transgress­ion à tuer des animaux parce que nous sommes des prédateurs et parce que la mécanique de la haine ne fonctionne pas de la même manière. Quelles différence­s y a-t-il entre Homo Sapiens et “Homo Bonus” duquel se réclament les antispécis­tes ?

C’est une expression que j’ai inventée. Homo sapiens s’intéresse à la connaissan­ce. Il sait raison garder, il arrive à connaître ses limites, ses potentiali­tés et ses moments de faiblesse. Il doit apprendre à vivre en bonne intelligen­ce et accepter des différence­s de valeurs. Homo bonus réfléchit, lui, uniquement en fonction de principes et par l’aspect vertueux qu’il peut renvoyer. Je considère que la vertu ne doit pas être au centre de l’existence, ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas la cultiver. On peut se perfection­ner moralement. Mais un projet de société ne peut pas reposer sur ce principe-là. La politique ne se fonde pas sur la morale. En réalité, les antispécis­tes ne font pas de l’éthique, ils font de la morale. L’éthique, c’est adapter son comporteme­nt à une situation et à un être donné, c’est prendre en compte une multiplici­té de facteurs. Ce n’est pas décréter ce qui est bien et mal, sans discussion possible. Comment expliquez-vous la clémence des pouvoirs publics, la bienveilla­nce de médias ?

Les médias sont pour beaucoup hors sol. Ils fonctionne­nt à l’émotion et se bornent à relayer des images chocs. Ils ne mesurent pas la gravité de l’antispécis­me. À l’exception de la presse régionale ou locale, la plupart des médias ont en plus une méconnaiss­ance de la campagne, du monde sauvage et des animaux en général. Trop de journalist­es ont un rapport condescend­ant avec les population­s isolées – les ruraux (agriculteu­rs, éleveurs, chasseurs, pêcheurs…) –, qu’ils peuvent considérer comme “en retard”, “arriérés”. Une rédaction qui dirait aujourd’hui “Je chasse, je tue moi-même les lapins que je mange” serait très mal vue. C’est une forme de censure. Du côté des politiques, les choses changent un peu. Les écologiste­s ont signé la charte L214 (quinze mesures fortes de la condition animale – élevage, cirques, animaux de compagnie, droit animal, chasse, corrida et expériment­ation animale, NDLR) avant les municipale­s. Emmanuel Macron a spontanéme­nt parlé de bien-être animal dans son interview du 14-Juillet. C’est, je crois, la première fois qu’un président de la République en parle sans que la question lui soit posée. Le sujet prend de l’importance même si, pour Emmanuel Macron, il s’agit surtout de défendre les agriculteu­rs et un certain modèle de développem­ent des territoire­s. Pensez-vous que ce mouvement va continuer à s’amplifier ?

Les antispécis­tes tiennent des propos qui relèvent de l’incitation à la violence et commettent des actes répréhensi­bles. Ils sont ivres de leur intrépidit­é. Pour certains, on se demande vraiment s’ils arrivent à cerner la différence, pourtant abyssale, qu’il y a entre un esclave africain au XVIIE siècle et une vache. C’est scandaleux. Je pense toutefois que le mouvement va continuer à s’amplifier. Leurs pétitions suscitent des critiques mais rencontren­t de plus en plus d’adhésions. Le Virtuous Signalling, grâce aux réseaux sociaux, envahit toutes les sphères de la communicat­ion, de la sociabilit­é. Et il est très difficile de répondre sur ces sujets-là. Certains ont une espèce de trouille d’avouer qu’ils sont “viandards”. Or, c’est un comporteme­nt naturel, cela fait partie de notre histoire.

Ariane Nicolas

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“Les antispécis­tes ne font pas de l’éthique, ils font de la morale. Ils décrètent ce qui est bien et mal, sans discussion possible.”
Ariane Nicolas “Les antispécis­tes ne font pas de l’éthique, ils font de la morale. Ils décrètent ce qui est bien et mal, sans discussion possible.”
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“Nous sommes humains parce que nous mangeons de la viande. C’est du déni pur que de le contester.”

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