Chasses Internationales

Chamois dans les Pyrénées

- Par Constant Boulard

Avec les péripéties que nous vivons aujourd’hui, je mesure davantage la chance d’avoir vécu le 2 janvier de cette année en montagne. Il est 6 heures du matin, je suis aux côtés de mon ami Charles, passionné de toutes quêtes cynégétiqu­es et dont je serai le témoin de mariage avec sa jolie Pauline. Accompagné­s d’un ami guide de chasse en montagne et partenaire de Constant Boulard Internatio­nal Adventures, qui connaît les Pyrénées-orientales comme sa poche, nous formons un trio pour approcher l’isard.

Après quelques kilomètres de marche, nous apercevons les premières têtes. Observer ces animaux évoluer dans leur milieu, se sentir si petit face à cette chaîne de montagnes, être entre amis au milieu d’une nature immaculée procurent autant de magnifique­s sensations qui satisfont l’esprit.

Nous entamons des séquences d’approche et séances d’observatio­n et finissons par repérer une femelle très âgée, portant un trophée imposant avec une robe grisonnant­e, qui la vieillit davantage. Nous hésitons, Charles a jeté son dévolu sur un mâle. Nous ne changeons pas notre plan initial et saluons donc la vieille Dame des montagnes, puis continuons notre progressio­n. Bientôt, sur notre droite, nous surprenons un beau mâle gravissant une pente très raide en trois bonds avec une facilité qui force le respect. Nous reculons discrèteme­nt et le voyons dans les pins se déplacer. Il correspond à notre quête. Tout aussi calmement que l’isard, Charles s’allonge, cale la Blaser .270 WSM sur son bipied, se place et repère l’animal dans la lunette. Une dernière vérificati­on, ce joli isard est de trois quarts face, à 150 mètres à vol d’oiseau, Charles sait où tirer mais la confiance n’exclut pas le contrôle. Notre guide nous indique le point d’impact. Vingt secondes s’écoulent. Un silence absolu. La queue de détente est pressée, un léger bruit sort du modérateur, la balle suit sa trajectoir­e et l’impact est parfait. Magnifique, nous sommes comblés. Charles le premier ! Un sandwich et nous poursuivon­s. Nous avions prévu avant le voyage qu’après un succès de Charles, je tenterai ma chance. C’est donc à mon tour. Il est midi, il fait beau et chaud. Les animaux sont au repos, mon partenaire et guide nous indique qu’à cette heure les isards peuvent encore bouger dans le fond d’une vallée à l’ombre. Nous y allons donc, en portant notre trophée d’isard et la viande dans nos sacs. Le rendez-vous est bien habité d’isards, mais nous n’y trouvons que de vieilles femelles. Nous les laissons tranquille­s, puis marchons, marchons et marchons encore. Plusieurs heures s’écoulent, les sacs sont de plus en plus lourds, tout comme les chaussures. Nous voulons encore y croire. Mais nous choisisson­s d’abord de nous reposer, quinze minutes. Contrairem­ent à mes acolytes, je ne ferme pas l’oeil. Je jumelle chaque caillou, chaque coin ombragé, en espérant trouver une corne, une oreille ou autre chose. Rien. Les animaux sont dans le bois, sous les arbres, où il y fait plus frais. Il est 16 heures. Trop tard, notre trajet nécessite deux à trois heures de marche jusqu’à la voiture. Sur le chemin du retour, évidemment, je me dis que, peutêtre, aurais-je dû tirer une femelle. Mais à quoi servent les regrets ? Nous évoluons sur une pente glissante entre pins et bouleaux, sortons du bois et longeons un précipice. Notre guide aperçoit un mouvement, c’est un isard adulte qui vient de se coucher. Il est 17 heures, la lumière baisse. Impossible de s’approcher, nous sortons la longue-vue et vérifions son sexe et le trophée. Il s’agit d’un superbe isard mâle. L’occasion est trop belle, je pose la carabine sur une veste, la longuesse, le canon et le modérateur sont au-dessus du vide, le reste est calé dans mes mains et le creux de mon épaule. L’attente est interminab­le. Le télémètre annonce 260 mètres. L’animal est couché de face. Seule la tête, le cou et le poitrail sont visibles. Je prends mon temps et aligne le poitrail, retiens mon souffle et applique une pression de l’index. Je fais mouche ! Nous sautons de joie, accolades et sourires pour chacun. L’heure de marche restante, chargés des deux isards, est épuisante. Elle me laisse le temps d’observer plusieurs remarques: avoir cédé la place de guide que j’occupe habituelle­ment m’a permis de renouer avec les sensations qu’éprouve un chasseur ; puis, combien il est agréable d’être guidé ; et enfin, le voyage de chasse est forcément une réussite lorsqu’il se déroule en très bonne compagnie.

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