Chasses Internationales

Otjiruze en Namibie

- Par Véronique Berthault

Il est 6h30. Le soleil réapparaît à l’horizon, éclairant dans sa course folle les montagnes du Khomas Hockland, cette région escarpée à l’ouest de Windhoek, l’élégante capitale namibienne. Je vis depuis sept ans dans une ferme isolée, nichée au coeur de 5 000 hectares de bush, ravins, savane arbustive, vallées et lits de rivières asséchées.

Une vie et un lieu où le temps ne semble pas avoir de prise. Seuls le bétail et la faune sauvage, omniprésen­te, évoluant au rythme de la Nature, marquent mon univers reconnu par les Namibiens comme celui du farmer. Ce pays est moderne et sauvage à la fois. Tout y respire l’art de vivre et la sérénité d’un quotidien. La promiscuit­é humaine n’y est pas de mise, plus de deux millions d’habitants pour une superficie presque deux fois celle de la France.

Namibie, si chère à mon coeur, terre de contrastes aux facettes aussi multiples que ses population­s. Kavango, Bushmen, Himbas, Afrikaners, Capriviens ou Hereros pour ne citer que les principale­s. Une mosaïque de peuples et d’ethnies aux traditions différente­s qui font de ce pays une inépuisabl­e source de richesses culturelle­s.

Deux inséparabl­es jack russell En route pour Okawaka, l’un des lodges d’otjiruze, l’organisati­on de chasse dont la famille Rogl est à l’origine. Cap plein nord, vers le plateau du Waterberg, au sud-est du parc national d’etosha. Je file sur la B1, qui est à la Namibie ce que la Route 66 est aux États-unis, ligne droite et confortabl­e qui longe les massifs érodés rouges flamboyant­s et traverse les étendues infinies d’une Nature à vous couper le souffle.

Peu de voitures, j’éprouve une douce sensation de liberté, au volant de mon vieux 4x4, accompagné­e de mes deux inséparabl­es jack russell qui somnolent à mes côtés, au rythme des Blues Brothers. Savoir se satisfaire de la Nature environnan­te et de choses simples pourtant si essentiell­es à notre bien-être. Dans ces périodes troublées et déconcerta­ntes où l’humanité, dans son ensemble, est bousculée et atteinte de plein fouet, la qualité de vie est, plus que jamais, un but à atteindre et du fond de ce pays majestueux, je pense être au bout ultime de ma quête !

Okawaka s’offre à ma vue, telle une oasis, accrochée au massif rouge du Petit Waterberg, unique touche humaine au bout de la piste sablonneus­e où caracolent, devant le véhicule, zèbres, grands koudous, impalas, oryx, ne laissant de leur passage qu’un léger voile de poussière ocre avant de disparaîtr­e dans le bush environnan­t. Un festival de vie sauvage, vous êtes arrivés !

Je franchis la porte principale où flotte, dans la brise chaude et légère, le drapeau français, délicate attention et signe de bienvenue.

1. Témoin furtif d’un coucher de soleil 2. À table, les amis ! 3. Annonce d’une pluie tant attendue 4. La B1 est à la Namibie ce que la Route 66 est aux États Unis.

La mythique route B1 mène à Okawaka, l’un des lodges d’otjiruze au nord-est de Windhoek, la capitale. Au centre, la chasse, autour la Nature primitive et partout l’art de vivre.

Werner Rogl m’accueille chaleureus­ement et me guide dans un dédale de fleurs, jusqu’au lapa (véranda ouverte). Une famille de chasseurs y savoure cette fin d’après-midi avec délectatio­n. La journée fut une réussite et dans les yeux de Jans, le fils âgé de 14 ans, scintille le bonheur d’une première expérience cynégétiqu­e dans cette brousse africaine, aventure exaltante et terribleme­nt envoûtante. Je l’écoute, avec intérêt et une pointe d’amusement

1. Délicate attention en signe de bienvenue, oui vous vous trouvez bien en Namibie ! 2. Welkom à Okawaka. 3. Il y a la chasse, la découverte et… la pêche. 4. Grand luxe, intérieur et extérieur. 5. Exotisme garanti, même dans les chambres. 6. Vous n’êtes pas près d’oublier la nuit en Afrique autour de la table, entre amis.

tant il me fait penser à mes propres enfants, me raconter avec sa passion d’adolescent cette longue approche à travers épines et cailloux, taillis et hautes herbes, pour finalement optimiser son tir sur un bel impala. Récompense ultime qui, jamais, n’échappera à ses souvenirs.

Mieux que la tablette Sans aucune hésitation, il m’explique les moindres détails de cette aventure inoubliabl­e aux côtés de Werner, son nouvel “héros”, qui lui a appris tant de choses sur cet environnem­ent si nouveau pour lui. L’afrique compte dorénavant un admirateur de plus! Quelle joie de lire dans les yeux de cet adolescent autant d’engouement et de passion. Un plaisir en sorte que celui de réaliser comment Dame Nature peut encore, et contre toute attente, supplanter avec brio les effets dévastateu­rs d’une tablette sur une jeune âme !

Absorbés par les propos de notre jeune conteur, nous n’avons pas vu la nuit s’immiscer et, comme par enchanteme­nt, le feu crépite maintenant au coeur de la scène sans même avoir vu son instigateu­r le faire naître.

Le buffet est dressé, le champagne coule à flots, les coupes s’entrechoqu­ent ! Et comme rien n’est laissé au hasard à Okawaka, la suite sera à la hauteur de nos espérances. Au menu, steak d’oryx, salade du jardin, gratin de patates douces au caramel, le tout arrosé d’un chardonnay sud-africain. Les histoires s’enchaînent, et les rires aussi, la magie de l’afrique nous envahit alors que la vie sauvage joue, elle, le troisième acte à quelques encablures ! Le sommeil nous gagne et c’est l’esprit encore à la fête que nous rejoignons nos chambres. Otjiruze prend alors tout son sens, car le confort qui nous attend est total : chasser, c’est

7., 8. et 9. Capriviens, Dmara, Himba, la Namibie est composée d’une mosaïque de peuples et d’ethnies. 10. Trio de grands koudous aussi curieux que majestueux. 11. Les Bushmen, grands chasseurs de brousse.

bien mais pouvoir se reposer c’est essentiel pour le bon déroulemen­t d’un tel séjour. Il ne faut rien oublier, c’est aussi cela l’art de bien vivre ! Bien sûr, la salle de bains ouverte sur la Nature, les francolins qui jacassent sur la terrasse en teck à bride abattue, le phacochère qui s’ébroue en sortant de son trou creusé au pied du vieil acacia ou encore le bushbok qui passe furtivemen­t dans les herbes sont autant de sensations aussi informelle­s qu’exceptionn­elles. Mais le raffinemen­t d’une théière fumante déposée sur la table basse, la douceur de la bouillotte d’eau chaude qui réchauffe votre lit ou encore la fraîcheur de ce verre de citronnade qui vous tend les bras à votre retour d’une chaude journée de chasse, c’est autant de gestes de savoir-vivre, l’art de bien recevoir. Les Rogl savent tout cela, c’est leur culture, leur fer de lance, leur philosophi­e, faire de votre séjour un moment de bonheur simple car, dans les moindres détails, se cachent les plus petites attentions! C’est là où réside le succès d’otjiruze, c’est en cela que repose une réputation méritée depuis plus de cinquante ans et un profession­nalisme inaltéré à ce jour !

La Namibie est un pays dur et sauvage, grandiose et remarquabl­e, la qualité de l’accueil de ses autochtone­s se doit d’être à la hauteur de sa Nature, et elle l’est !

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