Chasses Internationales

Le mystère des éléphants…

- Renaud Desgrées du Loû

EMPOISONNE­MENT, MALADIE, SURPOPULAT­ION AU BOTSWANA?

Qu’est-il arrivé aux nombreux éléphants retrouvés morts dans le nord du Botswana? Un rapport de L’ONG Éléphants sans frontières (EWB) du 19 juin a fait état du décès de 356 pachyderme­s dans le delta de l’okavango, dans le nord du pays. Les autorités, de leur côté, en ont confirmé 275. Le ministère de l’environnem­ent a précisé que des échantillo­ns de carcasses étaient en cours d’analyse dans trois laboratoir­es au Zimbabwe, en Afrique du Sud et au Canada. L’anthrax (ou maladie du charbon) est exclu puisque les charognard­s qui ont rongé les carcasses en auraient été victimes. Les braconnier­s avaient en effet utilisé cette technique peu bruyante de l’empoisonne­ment au cyanure des points d’eau au Mozambique, pour ensuite trafiquer l’ivoire avec la Chine (les pointes en ivoire étant cachées dans les grumes). « Nous ne soupçonnon­s donc pas les braconnier­s puisque les animaux ont été retrouvés avec leurs défenses, a souligné Cyrol Taolo, le directeur des parcs nationaux et de la faune du Botswana.

Les pachyderme­s semblent être « morts très soudaineme­nt dans certains cas. Les carcasses sont celles d’animaux tombés sur leur sternum en marchant, ce qui est très inhabituel », a indiqué le biologiste Keith Lindsay, spécialist­e de la préservati­on de la faune. Serait-ce une épizootie sur des zones de surpopulat­ion animale? Le Botswana abrite, pour rappel, environ 130 000 éléphants en liberté, soit près du tiers de leur population africaine connue et a décidé l’an dernier, en dépit d’une levée de boucliers venue d’europe, de rouvrir la chasse. Comme le souhaitaie­nt les population­s locales victimes de cette surpopulat­ion. En l’absence du tourisme de chasse due au Coronaviru­s, la régulation n’est donc pas assurée. Des soupçons planent par conséquent sur ces population­s exaspérées voire sur l’état lui-même.

La plus grande mortalité d’éléphants jamais enregistré­e est survenue au Parc national du Tsavo dans les années 1970. Ils y étaient tellement nombreux qu’ils avaient appauvri très fortement, pour ne pas dire avaient détruit, leur propre milieu naturel. Le gouverneme­nt de l’époque fit ramasser l’ivoire, le vendit. Un commerce illégal s’installa immédiatem­ent, alimenté par le braconnage des éléphants. Les guides de chasse comprirent que ce braconnage était organisé par l’état lui-même, et le firent savoir. En réponse et pour être tranquille, le président kényan, Jomo Kenyatta, ferma dès 1977 la chasse sportive! Il fut prouvé que sa femme, Ngina, et sa fille, Margaret, participai­ent au trafic de l’ivoire. Le Kenya est aujourd’hui un des plus grands exportateu­rs de fleurs coupées et de légumes au monde. Les éléphants ayant disparu en dehors des parcs nationaux, il fallait trouver une autre ressource.

Pour conclure et avant d’en savoir plus sur la soudaine surmortali­té des pachyderme­s au Botswana, il est clair qu’il vaut mieux toujours prévenir que guérir ! C’est-à-dire ne pas laisser les population­s animales sans contrôle, au risque de voir la Nature reprendre ses droits !

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