Story horlogère Jaquet Droz
Les créations de l’une des plus anciennes manufactures de haute horlogerie suisse flirtent avec le baroque pour les unes, l’épure pour les autres. C’est ce grand écart qui fait le sel de ses garde-temps.
En général, une montre est destinée à donner l’heure. Les nôtres racontent en plus l’histoire de la marque Jaquet Droz, de sa créativité, se félicite Christian Lattmann, président-directeur général de Jaquet Droz.
Et cette maison horlogère, qui ne date pas d’hier, a une belle histoire à raconter. Tout commence en 1738, voilà près de trois cents ans. L’horloger Pierre Jaquet-droz ouvre son atelier dans le Jura suisse. À ses débuts, il se spécialise dans la réalisation d’automates et d’horloges musicales qui séduisent une clientèle fortunée et notamment le roi d’espagne et l’empereur de Chine.
Le talentueux horloger acquiert rapidement une belle réputation. Son enseigne prospère. Il ouvre des boutiques à Londres et à Genève. Il se retrouve à la tête d’une sorte de multinationale du luxe avant l’heure… Hélas, la Révolution française et, plus encore, la disparition de son fondateur vont être fatales à la brillante entreprise. S’ouvre alors, une longue parenthèse durant laquelle la prestigieuse maison entre en somnolence. Renaissance horlogère Il faut attendre la fin du XXE siècle pour qu’un groupe d’investisseurs se penche sur la belle endormie. La machine est relancée au début des années 1990, dans le respect de son glorieux passé.
Jaquet Droz propose à l’époque, une poignée d’éblouissants automates destinés aux amateurs les plus fortunés. Cette élégante production attire l’attention du Swatch Group. En 2000, le premier groupe horloger mondial achète la manufacture de La Chaux-de-fonds afin de l’intégrer à son pôle luxe, aux côtés de Breguet et de Blancpain. La maison ressuscitée continue dès lors son redressement en poursuivant le chemin tout juste entamé. « Depuis 2012, nous proposons chaque année, une nouvelle collection de montres à automates mécaniques, explique Christian Lattmann.
Nous avons une vraie légitimité à ce sujet. » La Charming Bird qui abrite un oiseau siffleur en relief est déclinée depuis 2015. Cette collection a marqué notamment les esprits des amateurs et collectionneurs. Ces automates d’exception ont pour but de copier “le vivant”. La Magic Lotus Automaton est la dernière à avoir été dévoilée. Cette pièce abrite une grande fleur de lotus et des carpes koï qui remuent comme si elles nageaient vraiment. Tout est réalisé à la main. À ce jour, ce cadran animé est le plus compliqué jamais réalisé chez Jaquet Droz.
Un best-seller aussi sobre qu’élégant Paradoxalement, cette marque, réputée pour la luxuriance de sa décoration, appuie son retour commercial sur un modèle beaucoup plus sobre. C’est en effet, la montre Grande Seconde aux lignes épurées qui constitue l’instrument de la reconquête. Lancé en 2002, ce fort élégant garde-temps est devenu le best-seller maison. Son cadran accueille deux compteurs dont le dessin esquisse un 8. L’un, affiche les heures et, l’autre, les secondes. Les designers jouent avec ces compteurs. Ils les centrent, les décentrent, les excentrent ou les entrelacent, au gré des variantes. Cette série qui flirte avec le contemporain comprend aussi des détails de finition rappelant le savoirfaire artisanal de Pierre Jaquet-droz. Ainsi, les cadrans s’habillent-ils couramment d’émail grand-feu comme aux premiers temps de la manufacture. La Grande Seconde réalise ainsi, le grand écart entre le Siècle des Lumières (XVIIIE) exubérant et une période contemporaine plus épurée.
Cette gamme habille son boîtier d’une multitude de matériaux, de l’or traditionnel jusqu’au titane ou à la céramique high-tech. Elle se pare enfin des complications les plus sophistiquées: quantième, phases de Lune, tourbillon, répétition minutes…
Les animaux à l’honneur Chez Jaquet Droz, une équipe entière se charge de la conception des collections Ateliers d’art. Elle élabore des cadrans de montres, aux luxueuses décorations exécutées à la main. Elle soutient un escadron d’artisans spécialisés dans la peinture sur cadran, l’émaillage, la sculpture, la gravure et le paillonnage.
Le monde de la chasse y trouvera son bonheur. Nombreuses sont les pièces à représenter des lions, tigres ou sangliers… Tout un bestiaire tout de subtilités. Il est déconseillé en revanche, d’emporter ces montres très fragiles et délicates sur une scène de chasse, au risque de les détériorer gravement. Le collectionneur-chasseur pourra en revanche porter la sienne au bureau ou lors d’un dîner en ville. Il sera ravi d’être accompagné par ce petit morceau de nature agrippée à son poignet. Une autre façon d’arborer en public un “trophée de chasse” qui ne prêtera pas le flanc à l’affligeante bien-pensance. ■