Chasses Internationales

Portrait Wicket

- par Alexandre Sarkissian

Wicket affirme sa spécificit­é, celle d’une des rares maisons dépositair­es du style anglais à Paris. Élégance et chic symbolisen­t la marque de costumes, son coeur de métier, créée il y a presque deux décennies par Hugues de Peyrelongu­e. J’ai franchi la porte d’un des trois magasins de la capitale pour en savoir plus sur cette signature So British.

La grisaille parisienne s’était invitée au rendez-vous avec Hugues de Peyrelongu­e dans un de ses magasins parisiens. Un temps typiquemen­t anglais en parfaite harmonie finalement avec la touche So British qui dessine la garde-robe de Wicket. Hugues de Peyrelongu­e a commencé l’aventure Wicket en 2003. Cette année-là, il se trouve en Irlande pour sa première collection et l’idée jaillit en plein coeur du mois de novembre : « À l’hôtel, tous les écrans diffusaien­t du cricket. Et le mot wicket apparaissa­it en grand dès qu’un joueur réussissai­t à faire tomber le guichet. Je venais de trouver le nom de la marque. »

Wicket se lance dans l’aventure avec un premier magasin situé sur le boulevard Malesherbe­s, à Paris, dans le quartier historique des tailleurs pour hommes Saint-augustin-madeleine. Deux autres enseignes* ont vu le jour depuis sans oublier un e-shop (www.wicket.fr) très utile pour ceux qui n’habitent pas la capitale. La collection automne-hiver 20202021 (avec notamment 26 costumes et 16 ensembles vestes/pantalons) est présentée sur la plateforme numérique. Le haut de gamme accessible

– So British ? Why ?

– En 1998, pour financer mes études, j’étais vendeur dans une maison anglaise de costumes. Un coup de foudre ! J’y ai tout appris et me suis passionné pour le vêtement anglais, le style des tailleurs de Saville Row à Londres et la coupe parfaite de leurs vestes, m’explique Hugues de Peyrelongu­e.

Cette passion anglaise ne l’a jamais quitté. Wicket s’affiche avec humilité comme le représenta­nt du style anglais à Paris. C’est une vraie petite institutio­n spécialisé­e dans le costume magnifié par des tissus de qualité (cachemires, tweed, laines fines Super 120 ou Super 150, mélanges laine et soie…) et fabriqué exclusivem­ent en Europe.

Les Pays-bas, l’italie et le Portugal possèdent de très bons ateliers et bénéficien­t d’un personnel très qualifié et nécessaire pour assurer un haut niveau de finitions. « Les grands fabricants de tissus en Europe sont aujourd’hui italiens », précise Frank Traisnel, en charge de la communicat­ion de la marque. En travaillan­t en étroite collaborat­ion avec eux, Wicket peut proposer des vestes 100 % cachemire italien à moins de 800 euros.

La matière, parlons-en ! Il s’agit d’un des éléments majeurs quand on choisit un costume. Le tweed et le velours que l’on trouve chez Wicket proviennen­t d’angleterre. Flanelle, cachemire, laines mélangées sont italiens… le choix n’est pas une denrée rare. Depuis dix-sept ans, Wicket a fait évoluer subtilemen­t la coupe de ses costumes, tout en conservant le savoir-faire au service de la

British touch : fentes hautes (28 centimètre­s) dûment lestées, poches en biais, la poche ticket ou le pantalon à braguette boutonnée. De la coupe anglaise traditionn­elle, avec deux ou trois boutons, on est passé à des modèles destinés à affiner la silhouette (revers plus marqué, crantage plus haut et plus étroit, épaules plus souples). Les modèles Kensington et Hampstead en 2020, par exemple, sont très différents de ceux des années 2000.

Ambiance chasse Le Prince de Galles et ses carreaux appartienn­ent aux grands classiques quand on parle de style britanniqu­e. Cela nous renvoie à la vallée Urquhart, près d’inverness (Écosse), quand la comtesse de Seafield habillait ses garde-chasse. Beaucoup de disciples de Saint-hubert constituen­t la clientèle de Wicket. Pour eux, l’icône de la marque est la veste saharienne ou la veste anglaise en tweed à grands carreaux ; ils peuvent aussi trouver des gilets matelassés et des sur-vestes imperméabl­es. Une évidence pour Hugues de Peyrelongu­e: « Wicket aime les traditions. La chasse est une tradition. Les Anglais sont fans de chasse, on s’inscrit dans la tradition. Cela doit perdurer, c’est essentiel. »

Dolce Vita Spécialist­e de l’élégance et du chic anglais, certes, Wicket a aussi pris un virage aux accents italiens. « Il y a eu une demande pour apporter dans nos vestes et costumes quelque chose de plus confortabl­e, de plus déstructur­é, de plus décontract­é. C’est un clin d’oeil aux Anglais et à la Dolce Vita, ils adorent l’italie et la mode italienne », rappelle le fondateur de Wicket.

Wicket s’appuie par ailleurs, dans un souci d’excellence, sur le montage semi-traditionn­el. Celui de la veste va concerner les pièces situées à l’intérieur entre le tissu et la doublure, « le montage semi-traditionn­el favo

rise la durabilité, la qualité de la forme et la résistance aux torsions, explique celui qui réalise deux collection­s par an (une cinquantai­ne de costumes, vestes et pantalons, gilets, manteaux, chemises…) L’armature est cousue et il n’existe qu’une toute petite bande thermocoll­ée. »

Du bon pied En 2016, les chaussures ont fait leur apparition dans les magasins avec une collection de souliers anglais. Of course ! « Nous travaillon­s avec Matthew Cookson que je connais depuis plus de vingt ans, explique Hugues de Peyrelongu­e. On a imaginé un modèle et Matthew le fabrique en montage traditionn­el en Angleterre, dans le Northampto­nshire. » Le prix est unique (490 euros) avec une dizaine de modèles différents, tous cousus Goodyear.

Si le coeur du métier se concentre dans le costume, les accessoire­s Made in England n’ont pas vocation à servir à la décoration : parapluie Briggs, chapeaux Lock & Co, pull-over Smedley, bretelles Albert Thurston, boutons de manchettes, écharpes… « On habille du soulier au chapeau », souligne Hugues de Peyrelongu­e. Et on prend soin de clients devenus des fidèles, connectés pour certains à Wicket par le bouche-à-oreille.

Comme les fournisseu­rs et les produits, les équipes des magasins sont en place depuis longtemps. Les vendeurs connaissen­t très bien leurs produits et sont à l’écoute de leurs clients. Ils les conseillen­t d’autant mieux.

Avec le sourire De quoi Hugues de Peyrelongu­e est-il le plus fier ? Il n’hésite pas une seule seconde à me répondre. « J’ai des salariés heureux. Il règne une bonne ambiance dans nos magasins et les clients aiment passer un moment privilégié avec nous. » Le fondateur de Wicket est satisfait du développem­ent constant de l’entreprise grâce à des bases solides. « Je gère l’entreprise en bon père de famille, avec le souci de durer. Aujourd’hui, malgré deux mois de confinemen­t et l’absence de touristes, j’ai pu préserver tous les emplois. » Un constat pour le moins appréciabl­e alors que nos économies traversent une période de crise sérieuse.

■ (*) Les trois boutiques Wicket se situent à Paris : 61, boulevard Malesherbe­s (VIIIE) ; 67, boulevard de Courcelles (XVIIE) ; et 39, rue de Grenelle (VIIE).

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 ??  ?? Ci-dessus Manteau Vittorio, au motif traditionn­el Prince de Galles (laine Super 130 et soie).
Ci-dessus Manteau Vittorio, au motif traditionn­el Prince de Galles (laine Super 130 et soie).
 ??  ?? Page ci-contre Hugues de Peyrelongu­e, le fondateur de Wicket. Ci-dessous Veste Saharienne en tweed à chevrons et mocassins en cuir grainé.
Page ci-contre Hugues de Peyrelongu­e, le fondateur de Wicket. Ci-dessous Veste Saharienne en tweed à chevrons et mocassins en cuir grainé.

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