Là-bas, comment le vivent-ils?
Quelle année aurons-nous vécue, de frustrations, de peurs et de déceptions en tout genre, sans vouloir noircir le tableau! Pour nous chasseurs à l’étranger, amateurs de Nature et de liberté, c’est notre passion et notre profession qui sont touchées de plein fouet. Les conséquences innombrables et souvent dramatiques de cette pandémie se sont abattues sur le monde entier avec une brutalité et une promptitude absolues. Il a fallu faire face à l’arrêt total de l’activité cynégétique et touristique qui, pour certains pays comme la Namibie (entre autres), a précipité la chute de pans entiers des économies nationales. Pourtant certains ont refusé la fatalité face à la fermeture des frontières. Les professionnels de la chasse, par exemple, se sont appliqués à trouver une parade, un plan B face à ce tsunami ; il faut dire que les Namibiens sont souvent confrontés aux aléas d’une terre aussi merveilleuse que capricieuse au point que le Covid-19 ne leur semble qu’une sécheresse de plus.
L’imagination et l’instinct de survie ont pris le relais. Je ne pourrai pas citer tous ceux qui, localement, ont retroussé leur manche. Ceux que j’ai rencontrés ont prouvé que nous pouvions et devions faire avec un ennemi pernicieux. C’est le cas de Philip Hennings (1), le patron de Khomas Highland Hunting Safaris, qui profite de cette année blanche pour améliorer sa structure d’accueil, embellir son lodge et affiner son organisation afin de préparer l’arrivée de prochains chasseurs tout en aidant les écoles et en fournissant de la viande de brousse aux enfants. C’est aussi celui de Werner Rogl (2), qui dirige Otjiruze Safaris, qui aide à réguler les populations d’espèces au profit des réserves privées ou parcs nationaux, sa profession d’origine. Je pourrais évoquer Manfred Egerer (4). Taxidermiste local de renom, il s’est lancé dans la fabrication de meubles et objets de décoration afin de maintenir l’activité de ses vingt-deux employés. Je terminerai par Danene van der Westhuyzen (3), la présidente de la Napha (Namibian Professional Hunting Association) et qui dirige Aru Game Lodge. Elle et son équipe s’affairent désormais à la fabrication de biltong, viandes et saucisses séchées et autres produits bio.
Tous ont rebondi afin d’assurer la protection de leur famille mais aussi de leurs salariés qui, sans les ressources issues de la grande chasse, pourraient se retrouver dans des situations précaires et dramatiques. Face à l’adversité, je ne peux que m’incliner devant cet esprit de pure solidarité, dans un pays où il n’y a aucune aide sociale, seule domine une dure réalité et une priorité pour tous : survivre.
Le fait est que la solution la plus simple pour beaucoup d’outfitters serait de revenir au cattle farm, l’élevage extensif de bovins pour l’exportation de la viande. Bien sûr, ce virage irréversible serait déchirant puisqu’il impliquerait à moyen terme de remplacer le gibier par le bétail. Mais comment faire autrement ? Si cette situation persistait, ce serait la fin de la chasse aux trophées dans certaines régions de Namibie et de tout un système économique dont dépendent des milliers de personnes. Sa disparition impliquerait non seulement l’arrivée massive de bétail en brousse mais aussi une montée systématique du braconnage et donc la fin d’un monde sauvage, l’essence même de cette Afrique si chère à nos coeurs !
J’en appelle donc à la solidarité de vous tous en reportant vos safaris sans les annuler, y compris pour les organisations françaises qui travaillent avec les locaux. Certains d’entre vous ont bravé la peur et se sont rendus en Namibie. Ce n’est pas un choix inconscient car les précautions d’usage ont été respectées. Votre soutien est inestimable car la chasse est une ressource essentielle aux locaux et protectrice de la faune plus que jamais.