Chasses Internationales

Ils s’attaquent aux minorités

- JEAN-LOUIS LIÉGEOIS

Que pensez-vous du RIP et des décisions de Barbara Pompili ?

C’est un procédé démocratiq­ue qui est limité par le nombre de signatures d’élus (députés et sénateurs) et un nombre conséquent de signatures citoyennes. Je pense objectivem­ent qu’on ne peut rien regretter de cette existence, bien au contraire. Quant à Barbara Pompili, elle a pris des décisions qui étaient dans les couloirs des différents ministères (Environnem­ent, Agricultur­e…) depuis pas mal de temps. Elle est confrontée aux demandes européenne­s qui n’hésitent pas à punir la France pour des causes non générales (par exemple la non-sélectivit­é de la capture d’oiseaux au moyen de la glu). De nombreux pays européens qui nous entourent ont retiré les cirques avec présentati­on d’animaux sauvages, la France est l’un de derniers à essayer de sauver cette activité somme toute très populaire. Elle a souhaité accélérer les choses en stipulant « cirques itinérants ». Ce qui laisse aux cirques fixes le droit d’exister. Il reste à souhaiter que les termes utilisés ne changent pas dans un proche avenir, ce qui semble irriter les associatio­ns animaliste­s.

Quelles conséquenc­es cela va-t-il induire pour la volerie ?

Si les termes restent les mêmes qu’émis par la ministre, cela ne devrait pas changer grand-chose. Les voleries sont des parcs zoologique­s spécialisé­s comme les reptilariu­ms, les vivariums, les aquariums, les insectariu­ms… et, à ce titre, elles sont dirigées par des zoologues reconnus généraleme­nt. Les voleries ont été un éducateur spécialisé du public, au début friand d’émerveille­ment, puis demandeur de culture. Ces établissem­ents ont mené quantité de programmes de conservati­on tant in situ qu’ex situ. Elles ont été les lanceurs d’alertes de tous les problèmes que nous pouvons vivre actuelleme­nt. La multiplica­tion des contrôles que les voleries ont subie a permis d’éclairer L’OFB sur les fausses idées que se faisaient certaines personnes. Tous les rapaces se multiplien­t de plus en plus facilement dans ces institutio­ns, ce qui permet à tous, par échanges mutuels, d’obtenir ce qu’ils veulent dans leurs programmes d’élevage. Il est bon de savoir qu’en France, la population sauvage de rapaces dans la nature se porte bien. Parce que la protection intégrale de ces oiseaux est pratiquée depuis 1972 bien mieux qu’ailleurs dans le monde. Cette protection a permis aux espèces de vivre en harmonie avec leurs milieux. Quelques incidents de parcours se sont produits au début, ils ont été punis conforméme­nt à la loi. Ainsi maintenant, un équilibre existe bien.

Pour la fauconneri­e ?

La fauconneri­e en France reconnue au patrimoine immatériel de l’humanité (Unesco) est représenté­e par une minorité de quelques centaines de personnes (entre 600 et 800). L’anfa (Associatio­n nationale des fauconnier­s et autoursier­s) en compte plus de la moitié. Cette minorité semble fragile et elle l’est. Son statut français reste fragile. Cette fragilité apparente est aussi notre force : dans un petit nombre, le consensus est plus facile à adopter, l’esprit de corps fait partie de notre ADN. Les fauconnier­s ont été les premiers protecteur­s des rapaces. Ils sont encore représenté­s malgré leur âge dans des ONG telles que WWF, LPO, UICN. De nombreux scientifiq­ues de par le monde sont fauconnier­s (Tom Cade, Dr Saar, Meyburg, Simon Potier, Philippe Gaucher…).

La chasse est elle aussi visée. Est-elle anachroniq­ue à vos yeux ?

Nous sentons bien s’accélérer les démarches agressives de groupuscul­es ou de groupes constitués en grande partie de citadins n’ayant plus de connexion avec les campagnes. Les minorités sont privilégié­es par ces attaquants et celles-ci peinent à se défendre contre un tel acharnemen­t. La fauconneri­e en fait partie. Quant à savoir si la chasse est anachroniq­ue, elle ne l’est pas. Elle est dans nos gènes. L’homme est devenu omnivore grâce à la chasse pour nourrir sa tribu. Ces gènes sont ce qui nous vaut de garder cet instinct de prédateur. Sachons être raisonnabl­es, mesurer nos prélèvemen­ts et tout ira bien.

Que pensez-vous de l’écologie punitive ?

Certains utilisent les réseaux sociaux pour communique­r et construire. D’autres, en mal d’agressivit­é, développen­t tout un arsenal pour détruire. C’est le jeu des terroriste­s. Sur le terrain des compétence­s, ils vous excluent et refoulent la discussion. Que ce soit contre la chasse, contre les animaux utilisés dans les spectacles, l’élevage, la consommati­on de viande, ces courants anti-tout vont finir par lasser, la discussion autour d’une table est la seule issue à cet imbroglio inextricab­le.

Faut-il se mobiliser face à la brutalité des décisions ?

Je pense que le front commun est la seule façon d’être efficace. Nous verrons plus tard ce qui nous sépare. Bien sûr que nous sommes différents, mais dans les temps durs, il faut se soutenir.

(*) Soigneur spécialisé dans la présentati­on d’oiseaux en vol libre.

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