Une idéologie à la mode
JEAN-PHILIPPE DANIEL
Que représente la chasse pour vous à titre personnel et plus généralement pour les espèces et les espaces ?
La chasse est une passion, les espèces sont une émotion et une fascination, quant aux espaces ce sont des évasions, des découvertes et des rencontres.
La chasse, les animaux dans les spectacles, la consommation de viande, les bouchers menacés, le véganisme sinon rien… que pensez-vous du Rip et des décisions “coup de tête” de Barbara Pompili ? Et de cette écologie punitive qui, sous couvert de défendre la cause animale, veut tout interdire ?
Le RIP ne me choque pas, et je ne pense pas que les décisions publiques soient des coups de tête. Ce qui me gêne, c’est plutôt le non-dit. Défendre le bien-être animal, évidemment! Ne pas obliger ceux qui ne le souhaitent pas à manger de la viande, évidemment ! Mais comment accorder crédibilité et respect à celles et ceux qui postulent l’égalité parfaite entre un être humain et un poney shetland ? Le véganisme n’est pas seulement un confort, c’est également un anachronisme, et une idéologie à la mode.
Quel est votre avis sur l’influence des minorités – véganes, animalistes, antispécistes… – sur les politiques ? Les médias ?
Pour moi, les végans et les loups, c’est la même chose (quoique je préfère les loups). Cela participe de la biodiversité. Mais en forêt, comme en société, l’enjeu est l’équilibre. Des politiques et des éditorialistes faibles sont la proie facile d’idéologues forts.
A-t-on laissé trop faire ? La chasse est-elle menacée ? Ou est-elle anachronique aujourd’hui ?
Chaque époque a ses combats. Les chasseurs, pour ne parler que d’eux, sont concernés, c’est évident. Et la stratégie, ou ce qui en tient lieu, des “autorités fédérales” est discutable. “L’hégémonie culturelle” est un concept que les “stratèges” de la chasse devraient découvrir, approfondir et méditer.
Chasseurs, gens de spectacle, éleveurs… faut-il faire front commun face à l’ineptie et la brutalité des décisions ?
Je crois surtout que tous ceux qui sont concernés n’en sont pas encore conscients. Les chasseurs et les éleveurs bien sûr. Mais, et je ne prends que quelques exemples : pour les cavaliers, la suppression des mors, c’est pour quand ? Pour les animaux domestiques, le permis de détention d’un chat ou d’un hamster, c’est pour quand ? Et pour les scientifiques, dont nous avons tant besoin, c’est quand l’ouverture des cages, donc la fin de la recherche ?
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directeur associé de Lysios Public Affairs