Chasses Internationales

Et la condition humaine ?

- LUCIEN GRUSS

Que pensez-vous du RIP et des décisions de Barbara Pompili ?

Je pense qu’un référendum, aussi démocratiq­ue qu’il soit, ne peut pas résumer aussi facilement les positions à adopter en matière de condition animale. Parfois je me dis qu’on se trompe de combat. C’est un syndrome très français. Ce référendum fait un vrai amalgame entre les notions de défense des animaux, d’élevage et d’agricultur­e intensifs, de droits des animaux et de protection des espèces. Si l’on observe le sujet de la détention d’animaux sauvages, il faut pouvoir amener un peu moins de sentiment dans tout cela. Je suis un homme de cirque traditionn­el et un homme de cheval et, pour moi, ces animaux, nés en captivité, font partie de notre patrimoine vivant. Il nous appartient de les soigner et de les respecter dans la dignité. Les regards émerveillé­s des enfants et du public lorsque les animaux entrent en scène en disent bien plus que les divagation­s animaliste­s.

La chasse est elle aussi visée. Est-elle anachroniq­ue à vos yeux ?

La chasse fait partie des traditions. Je ne suis pas chasseur, pour tout vous dire, mais je côtoie de nombreux chasseurs amoureux de la nature. Ils participen­t à l’équilibre de la nature et des écosystème­s. Peut-être faudrait-il revoir ces lâchers de gibier le jour de la chasse ou la veille et diminuer les tableaux de chasse démesurés. Mais encore une fois, pourquoi tout interdire au nom de la condition animale ? J’ai du mal à comprendre. Pourquoi stigmatise­r l’acte de chasse par l’image détournée du cerf épuisé en septembre en forêt de Compiègne lors d’une chasse à courre ?

Interdire les animaux dans les spectacles, c’est la fin d’un monde ?

La fin d’un monde peut-être pas mais la fin d’une époque sans doute! Je pense que ce sont les conditions et les règles de détention qui ne sont pas assez directives. Les animaux dans les spectacles engendrent une émotion positive chez les plus jeunes. Nous, gens de spectacle, avons en échange le devoir de les soigner, de les respecter et de les considérer pour tout le bien qu’ils nous procurent.

Le véganisme, conscient de son pouvoir, règne par la terreur et l’intimidati­on…

Il y a là un problème de respect des libertés individuel­les, chacun est libre de consommer ou pas de la viande. Utiliser la terreur, l’intimidati­on ou la culpabilis­ation, c’est bafouer la démocratie. Les principes végans qui défendent le vivant m’étonnent beaucoup. Qu’en est-il des végétaux? Lorsqu’ils mangent de la salade, ils mangent aussi un organisme vivant… Ils sont vraiment plus drôles lorsqu’ils fument de l’herbe que lorsqu’ils en mangent !

Que pensez-vous de l’écologie punitive ?

Je vous avoue être étonné que le ministère de la Transition écologique soit en charge de la condition animale. Je ne suis pas certain que c’est là que cela doit être débattu. En revanche, ce ministère n’est pas là où on l’attend : où sont ses engagement­s en matière de pollution plastique ? de pollution aérienne ? de déforestat­ion ? Je pense que ces inquiétude­s sont à considérer avant le faux débat de la condition des animaux sauvages détenus dans les cirques itinérants. Nous sommes tous pour le bien-être animal. Combien d’animaux sauvages sont concernés par des conditions déplorable­s de détention en France ?

Faut-il se mobiliser face à la brutalité des décisions ?

Bien sûr ! Mais il est urgent surtout d’engager le dialogue avec les bonnes personnes et amener un peu de nuances aux prises de position rigides et unilatéral­es. Je suis bien plus inquiet par la condition humaine dans notre pays. On ne s’étonne plus de voir des hommes et des femmes sur les trottoirs, ni même des enfants et des mères faire la manche. Ça ne dérange personne et ne mobilise ni les médias ni les politiques avec autant de passion. ■

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